Le FATMA, c’est tout d’abord une grande exposition d’objets artisanaux sur la place de la République. Plusieurs dizaines d’artisans venus des quatre coins de Mayotte s’y donnent rendez-vous chaque 27 avril pour montrer au public le fruit de leur travail.
Bijouterie, instruments de cuisine artisanaux et draps brodés à la main sont installés dans les divers stands au cœur de la capitale mahoraise. Le public présent flâne en regardant ces objets et écoute les artisans décrire leur mode de fabrication. Il peut également goûter aux délicieux plats mahorais préparés par Taambati Moussa, l’une des figures les plus embématiques de la culture traditionnelle de notre île. L’artisane chevronnée de Bouéni, aidée de ses apprentis, tient en effet un stand très diversifiés de cuisine, maquillage au henné et poterie.
Parmi les nombreux artisans présents se trouvait Salima, membre de l’association Mawa de Sada. Si elle ne fabrique pas elle-même d’objets artisanaux, elle aide en revanche sa grand-mère à vendre ses paniers faits de feuilles de palmes et ses ustensiles de cuisine en bois de jacquier. Ces objets ressemblent à s’y méprendre à ceux que l’on peut trouver à Madagascar, mais Salima nous confirme qu’ils sont pourtant 100% de fabrication mahoraise. Une ressemblance qui reflète les liens entre les cultures de notre région.
Le savoir-faire des personnes âgées
L’artisanat est donc encore bien vivant sur notre île, mais notre tour de l’exposition nous confirme que les objets sont presque tous fabriqués par des personnes âgées.
Fatima, l’une des jeunes femmes présente sur le stand de broderie, fait le même constat: “Moi je ne brode pas, je vends seulement. Ce sont surtout les vieilles personnes qui savent faire ces choses-là”, nous explique-t-elle. L’un des objectifs du FATMA de cette année était justement de contribuer à transmettre ces savoir-faire aux jeunes générations.
Plusieurs ateliers ont été installés à cet effet. La jeune génération de Mayotte a donc été invitée à s’essayer à la fabrication de paniers, chapeaux et autres objets artisanaux. Le stand regroupant le plus de jeunes était sans conteste celui du maquillage traditionnel, un art qui a toujours le vent en poupe à Mayotte. Sur le stand de sa grand-mère, Salima s’évertuait à maquiller les femmes au mzinzano, la pâte jaune constituée de poudre de bois de santal, quand les apprentis de Taambati Moussa leur dessinait de jolis tatouages au henné sur les bras ou les jambes.
Il n’y a pas que les mbiwis ou le debaa à Mayotte!
La transmission était surtout à l’honneur au sein des associations de danses traditionnelles. Celles-ci avaient mis à contribution de nombreux jeunes de leurs communes respectives pour faire des démonstrations de danses traditionnelles mahoraises peu connues comme le Magandja ou le namoichololo. “Le mbiwis et le debaa sont les danses les plus médiatisées et donc les plus connues du grand public, mais ce ne sont pourtant pas les seules !” souligne Souraya, une jeune danseuse. «Nous possédons 25 danses traditionnelles à Mayotte”, nous précise-t-elle avec une pointe de fierté dans la voix.
Les jeunes de plusieurs associations de l’île se sont donc succédés sur la scène installée sur la place où presque toutes les danses mahoraises ont été représentées. Des battles ont même été mises en scène par Saandati, l’animatrice du festival, afin d’ajouter une touche festive.
Les instruments traditionnels étaient également à l’honneur pour accompagner ces danses. Nous avons ainsi pu découvrir les sonorités méconnues du dzumari (sorte de haut-bois) et celles des différents tambours utilisés pour donner le rythme, comme comme le fumba ou le dori par exemple.
Cette 10e édition du FATMA a donc une nouvelle fois réussi son pari: être une vitrine des arts et savoir-faire traditionnels mahorais. Si ceux-ci ont plus ou moins été délaissés ces derniers temps au profit de la société de consommation, on constate néanmoins un regain d’intérêt pour ces traditions depuis quelques années. «Notre culture est très riche, nous ne devons pas la laisser tomber dans l’oubli”, nous confirme Souraya.
NG
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