«Alors que je vote depuis 2015 au bureau 51 de Pamandzi, je m’y suis présenté et là, surprise! Je ne figurais pas dans la liste.» Le témoignage de cet électeur fait écho à beaucoup d’autres, même si le chiffre exact est impossible à établir. La mise à jour des listes électorales en début d’année a été victime de sérieux bugs, à Mayotte comme en métropole.
Le journal Le Monde fait état de 15.000 personnes radiées des listes électorales à Strasbourg, un chiffre particulièrement important dans une ville de 270.000 habitants.
Et les exemples se multiplient en métropole. Toujours selon Le Monde, «à Nancy, à Clichy (Hauts-de-Seine), ou dans des communes plus petites comme La Queue-en-Brie (Val-de-Marne), les témoignages d’électeurs mécontents qui ont découvert le jour même du vote qu’ils ne figuraient plus sur les listes électorales affluent, souvent postés sur les réseaux sociaux.»
Mayotte n’échappe donc pas au phénomène. De Pamandzi à Koungou, les électeurs radiés ont fait connaître leur mésaventure.
Les bugs de la mise à jour
C’est la conséquence de la traditionnelle mise à jour des listes électorales de début d’année. Mais si la réactualisation est prévue par la loi, il semble que des bugs se soient rajoutés au tri. Beaucoup de ces radiations concernent des personnes qui ont déménagé depuis longtemps et qui auraient dû faire un changement de domicile pour pouvoir voter au plus près de chez elles. Mais pas seulement.
Rien n’a changé dans la situation de notre électeur de Pamandzi. «Le président du bureau de vote m’a suggéré de me rendre à la mairie. Sur place, stupéfaction, j’ai été radié, comme d’autres apparemment, suite à ‘un problème technique’.» Problème de logiciel ou de manipulation, des noms sont sortis du fichier.
Ce sont effectivement les mairies qui ont en charge la tenue des listes électorales. Problème: compte tenu du calendrier, il est bien difficile d’obtenir des informations, avec deux jours fériés cette semaine, un autre la semaine prochaine, auxquels se rajoutent les ponts et les vacances prises pour profiter de cette conjonction de jours chômés… «On met dit que le maire est en vacances, les services se renvoient la balle sans vraiment savoir quoi faire… Ma participation au second tour paraît aussi bien compromise», constate dépité le citoyen éconduit de Pamandzi.
Le tribunal d’instance démuni
La presse nationale indique que pour pouvoir voter au second tour, les électeurs concernés doivent saisir la justice. Mais Laurent Sabatier, le président du tribunal de Mayotte, est bien moins catégorique. «Sur quelle base le tribunal d’instance peut-il agir? On ne part pas du néant et on n’inscrit pas sur les listes électorales. Sinon, en métropole, des personnes pourraient aller d’un tribunal à un autre pour se faire inscrire et voter plusieurs fois», explique-t-il.
Le tribunal d’instance tranche des litiges électoraux sur des problèmes d’Etat civil, par exemple lorsque le nom et le prénom sont inversés. Il traite également les problèmes de procurations. Il tient d’ailleurs des permanences ces vendredi et samedi, ainsi que plusieurs jours la semaine prochaine. Le jour du second tour de la présidentielle aussi, des permanences seront assurées de 8 heures à 19 heures à Kawéni et à Sada.
Pour contester leur radiation, il faudrait que ces (anciens) électeurs obtiennent de leur mairie le courrier recommandé leur annonçant leur radiation (seule trace de leur présence antérieure sur la liste), qu’ils se munissent d’un justificatif de domicile, et qu’ils rédigent une lettre manuscrite. C’est probablement l’unique condition pour pouvoir ensuite aller au tribunal tenter de défendre son cas. En métropole, certains électeurs sont venus à bout de la démarche et ont réussi à voter au 1er tour. A Mayotte, cela semble bien compliqué.
RR
www.jdm2021.alter6.com
Comments are closed.