Les nouveaux écrans télé de retransmission de la salle d’audience n’ayant pas d’autres fonctions pour l’instant que d’éborgner les occupants de la salle d’audience qui le prennent régulièrement dans la tête, le tribunal s’est dirigé dans une petite salle du deuxième étage du bâtiment.
Le prévenu est donc incarcéré au Centre Pénitentiaire du Port, à La Réunion. Né à Anjouan, il fêtera ses 20 ans en prison, en décembre prochain. Excédé par l’emprisonnement au Centre pénitentiaire de Majicavo, « on ne voulait pas me laisser travailler, ni me former », expliquera-t-il aux enquêteurs, il décide le 20 juillet 2016 de mettre le feu à sa cellule, et en bloque la porte d’entrée avec un réfrigérateur.
Lors de son échange avec le juge Laurent Sabatier, il sous-entend qu’il a voulu se suicider. « Mais vous aviez mis un linge humide sur votre visage et ouvert la fenêtre de la cellule, vous ne vouliez donc pas mourir ! », rétorquait le magistrat.
Sa vie en marche
Il a déjà beaucoup de condamnations à son actif, à commencer par le tribunal pour enfant, d’où il ressort en 2016 avec une peine de 1 an et 11 mois de prison pour violences et menaces de mort, pour des faits commis en 2015. Les violences avec armes se succèdent ensuite. « Mais j’ai laissé cette violence derrière moi », assure-t-il, « j’ai décidé de grandir. J’ai juste gagné plus de prison, et pendant ce temps, c’est ma vie qui est en marche. » Lorsque le juge lui fera remarquer que la peine qu’il purge se termine en juillet 2019, il s’exclame, « mais c’est loin, ça ! »
S’il dit qu’il est « fatigué d’être en prison », la substitut du procureur Laurence Prampart va en requérir davantage, en faisant remarquer que les conséquences auraient pu être dramatiques pour les autres détenus, « je demande 6 mois ferme ».
Les juges en collégialité le condamnent à 6 mois ferme, « c’est la jurisprudence des tribunaux pour un incendie de cellule. Elle s’explique par le fait que l’espace d’une prison est clos, et que les prévenus ne sont pas libres de s’enfuir devant un incendie. »
Dysfonctionnements
Deux autres affaires importantes étaient inscrites au rôle. Celle, déjà renvoyée, d’un homicide involontaire n’a pu être jugée, le prévenu ayant déposée une demande d’Aide juridictionnelle en mars dernier, contresignée par le président du TGI, dont il n’avait aucune nouvelle.
Et celle d’une agression sexuelle sur une jeune fille, qui a également du être renvoyée, le tribunal n’ayant pas été saisi, le parquet doit reciter. L’avocate de la victime était absente de l’audience. L’homme mis en cause par la jeune fille ayant décidé de rester chez lui, celle-ci est donc toujours potentiellement sa proie, avec la complicité de la maman qui, avec cette plainte, « craint de perdre le gîte et le couvert », comme le résumait, plutôt agacé, le président Sabatier.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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