Le 30 juin prochain, l’anniversaire sera probablement encore plus difficile que d’habitude pour les proches des victimes du crash de la Yemenia. Cela fera exactement huit ans qu’un Airbus A310 de la compagnie yéménite tombait en mer alors qu’il s’apprêtait à atterrir à Moroni. L’accident faisait 152 victimes. Seule une adolescente, alors âgée de 14 ans, Bahia Bakary, avait survécu.
Le crash de l’A330 d’Air France assurant le vol Rio-Paris, survenu le 1er juin précédent, est encore dans toutes les mémoires, mais celui de la Yemenia fait figure d’accident des pauvres, oublié de tous. Et voilà que la justice française est sur le point de refermer le dossier sur un non-lieu, de quoi raviver un sentiment d’injustice de la part des familles. Selon nos confrères du Figaro, l’absence de coopération internationale de la part du Yémen mais aussi des Comores motiverait cette décision.
Publié en juin 2012, le rapport d’enquête établi par une commission composée de représentants des Comores, du Yémen, de la France et des États-Unis avait conclu à une erreur de pilotage. Des conclusions que les autorités yéménites avaient rejetées, mettant en avant l’expérience de l’équipage. Yemenia avait été mise en examen le 15 novembre 2013 pour homicide involontaire. Puis, le 19 février 2015, le tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence condamnait Yemenia à verser 50.000 euros aux héritiers de chacun des passagers.
Yémen et Comores aux abonnés absents
«Au cours de cette affaire, les magistrats instructeurs ont eu les pires difficultés à obtenir des réponses de la part du Yémen ou des Comores», souligne le Figaro. Un exemple? En 2009, ils demandent notamment les noms, adresses et numéros d’agrément des sociétés de maintenance de la Yemenia ainsi qu’un organigramme, l’historique de l’avion (heures de vol, incidents, pannes). Trois ans plus tard, pas de réponse.
D’où cette question des juges, le 6 décembre 2012, au directeur général de la Yemenia à Paris: «Ne pensez-vous pas que cela nous conduit à nous demander si cette absence de réponse n’est pas le signe que la compagnie a des choses à se reprocher en termes de maintenance par exemple?» Les connaisseurs du dossier ne sont pas étonnés de la tournure qu’a prise l’enquête judiciaire, et ce malgré le travail fourni par les juges d’instruction.
De plus en plus de non-lieu
Ainsi, un haut fonctionnaire du ministère des Transports français, en poste à l’époque du crash, se souvient: «Dès le début, nous avons eu des doutes, nous savions que la coopération concernant l’enquête sur l’accident ne se passait pas très bien. Il n’y avait pas de volonté de toutes les parties de faire éclater la vérité, surtout de la part des Comores, puisque la faute vient de ce pays».
Amer, un spécialiste des dossiers de crash aériens conclut: «De toute façon, les catastrophes aériennes se terminent de plus en plus souvent par une ordonnance de non-lieu ou bien, quand elles sont renvoyées devant le tribunal correctionnel, personne n’est condamné.»
Le JDM
Avec le JIR.
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