Si elle dit comprendre la grogne des enseignants, la vice-recteur Nathalie Costantini n’entérine pas, on s’en doute, leur droit de retrait. C’est pour elle un échec « de voir les jeunes rester chez eux, alors qu’ils devraient être en train d’apprendre dans la perspective du Brevet. » De leur côté les enseignants le justifient par « l’agression physique de plusieurs personnels de l’établissement, dont un a déposé plainte », comme le précise un communiqué “Crise au collège de Passamainty” du FSU qui apporte ce jeudi son soutien au mouvement du personnel mené par la CGT Educ’action.
Tout en convenant de la gravité de la situation, Nathalie Costantini rappelle que ce n’est pas la première fois que des rixes entre les deux villages de Passamainty et Vahibé empoisonnent la vie du collège. Mais elle refuse le terme de « violences scolaires » : « Nous sommes le révélateur des difficultés de la société mahoraise telles qu’elles se vivent dans toutes les communes. La paix dans les établissements scolaires, tout le monde en rêve, moi la première. Mais elle est conditionnée aux actions mises en œuvre en amont. Avant d’être des élèves, ce sont des enfants dont chaque commune doit accompagner les parents. »
Poursuite du droit de retrait
Une violence extérieure qui s’importe donc selon elle et se cristallise au sein de l’école. Et pour le prouver, nous livre les statistiques de remontées de signalement au ministère : « 25% de ces signalements sont liés à des faits internes à l’établissement, et 75% à l’extérieur. Et sur 25%, beaucoup sont le fait d’une intrusion. C’est à dire que le personnel fait son travail, sans débordement. Il n’y a jamais eu par exemple, de mouvement de foule, c’est la preuve de l’efficacité du personnel administratif. »
Ceci en réponse à la demande du syndicat CGT Educ’action sur « 2 conseillers principaux d’éducation en plus, de 6 surveillants, 2 personnels de sécurité et 2 médiateurs supplémentaires. Faute de prise en compte de leurs propositions, ils continuent à exercer leur droit de retrait », explique la FSU qui demande la réunion d’une instance appelée Comité hygiène sécurité et conditions de travail (CHSCT), qu’elle considère comme adéquate dans ce genre de désaccord.
Gagnant-gagnant avec les parents
En matière de mesure justement, la vice-recteur précise que la présence d’une policière indiquée par les syndicat est en réalité le maintien de la référente sécurité actuelle, « qui se mettra en tenue pour une meilleure visibilité auprès des élèves », et qui a déjà proposé des formation des délégués en 6ème, « sans beaucoup de réponses positives. » Les PEPS ne devraient pas être supprimés, contrairement à ce qu’ont avancé les enseignants, « nous avons d’ailleurs proposé de travailler avec la préfecture et les communes pour parfaire leur formation aux abords des établissements. » Une cellule d’écoute des enseignants a été mise en place ce jeudi.
Nathalie Costantini n’a pas apprécié que ses collaborateurs qui se sont rendus sur place mercredi n’aient pas été « considérés, alors qu’ils me représentent ». Et se dit prête à rencontrer les enseignants « dès qu’ils en feront la demande ».
La représentante de l’Education Nationale explique que certains établissements ont su réagir face aux violences récurrentes, « comme à Dembéni, des actions ont été menées en parallèle de la sécurisation par un portail. » Le collège de Doujani s’est doté d’une école des parents, avec un accord : « Ils surveillent l’arrivée des enfants depuis le rond point, et en échange, des cours de Français-langue étrangère ou d’informatique leur sont dispensés. »
Quand aux horaires aménagés pour des sorties décalées des élèves des deux villages, elle explique que c’est un décision « prise dans l’urgence, qui ne peut perdurer, mais qui demande un travail en amont. »
En soirée, aucune embellie n’était signalée sur une reprise des cours.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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