Nouvelle salve de critiques des professionnels des PMI. Ces protections maternelles Infantiles sont un service gratuit géré par le conseil départemental, et proposent une prise en charge médicale des enfants de 0 à 6 ans et de leur maman, sur la prévention médicale, psychologique, éducative et sociale.
Leur état sanitaire à Mayotte est régulièrement dénoncé par le personnel hospitalier, alors que de son côté, le conseil départemental se plaint auprès de l’Etat de la prise en charge d’une population toujours plus nombreuse, estimant qu’il n’a pas à assurer seul l’accueil de population le plus souvent en situation irrégulière, et donc non assurée sociale.
Si le gouvernement précédent avait reconnu un manquement, ce mea culpa ne concernait que l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), à qui il octroyait 42 millions d’euros de rattrapage depuis 2009. Mais rien pour les PMI n’a eu de cesse de répéter Issa Issa Abdou, le 4ème Vice-président chargé du social et de la santé.
Le temps des finances pas le même que l’urgence du terrain
« J’ai donc effectué pour les PMI une démarche similaire à celle de l’ASE auprès du gouvernement actuel, et je suis en attente d’une réponse qui n’interviendra de toute façon qu’au moment du vote de la loi de Finances 2017 », réexplique l’élu. Etant donné les difficultés que vivent les PMI du territoire, il a décidé de ponctionner sur le budget ASE, 20 millions d’euros pour les PMI, « en accord avec l’Etat, et concrétisé par une convention. » Le tout est inscrit dans un budget annexe qui a été approuvé à la dernière plénière du Département. En juillet, deux PMI flambant neuves seront inaugurée, initiées par le précédent exécutif.
Mais pendant ce temps, les infirmiers et sages-femmes continuent à manquer du matériel parfois le plus élémentaire, puisque dans une Lettre ouverte des agents territoriaux de la PMI de Mayotte aux responsables politiques et à la population, ils évoquent « une situation plus que critique essentiellement due aux pénuries régulières de matériel, médicaments et produits d’entretiens ».
Des appros à flux tendus
A force de dénoncer sans avancées, certains baissent les bras et ne sont pas remplacés : « Les postes vacants ne sont pas pourvus depuis de nombreuses années malgré les multiples promesses de notre direction. A partir de septembre 2017, il restera seulement 8 sages-femmes, 3 médecins et 20 infirmiers territoriaux pour l’ensemble de l’île ».
Entendant les critiques, Issa Abdou convient qu’il s’agit d’un problème d’organisation de base : « Le budget de 20 millions d’euros sera consacré à la rénovation des bâtiments. En attendant l’obtention éventuelle d’un budget consacré au PMI, nous devons assurer le fonctionnement avec l’existant. Ce qui implique une meilleure organisation. »
Un problème qu’il avait déjà dénoncé, « mais sans encore s’attaquer à des problèmes structuraux chez nous, comme le fonctionnement à flux tendu dans les magasins de stockage que gèrent les deux directions du social, la Solidarité et l’Enfance. »
Le désespoir des agents des PMI est réel et les pousse à demander une mise sous tutelle « provisoire et immédiate des services pour assurer la continuité des soins. » Il en va selon eux d’une prévention d’un risque d’ « augmentation de morbi-mortalité maternelle et infantile ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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