L’organisme de formation professionnelle Aloalo est le 1er à être habilité à faire passer le titre professionnel de technicien d’assistance en informatique, nous explique William Adousso, le directeur. Et dans sa tête, accompagner ne veut pas dire assister, « ils ont eux-mêmes trouvé leurs stages à l’issue de la formation. Notre objectif est de les rendre autonome. »
Pendant 11 mois, 13 jeunes de moins de 26 ans de niveau Bac, ont suivi la formation de 1.346 heures dispensée par Tiana Michel Raboanary, ingénieur en informatique, dont un quart du temps passé en entreprise : « Le niveau était assez homogène, en dehors de deux jeunes qui étaient un peu en dessous »
Kamal est arrivé chez Aloalo après être passé par la case métropole : « Après mon Bac de comptabilité, j’ai tenté une licence de Sciences Po à Lyon, mais après 2 ans d’échec, je suis revenu à Mayotte. Cette formation, je suis carrément satisfait de l’avoir suivi ! » Son stage, il l’a fait chez Infotech à Sada, et a commencé des démarches pour trouver un emploi.
Un métier de passionnés
Debout à côté de lui, Mohamadi est un passionné, « j’aime avant tout réparer les pannes », un profil qui colle parfaitement au diplôme. Il égraine l’œil gourmand les opérations qu’il a effectuées au cours de cette formation et qui vont devenir son nouveau cadre de travail, « la maintenance de la hotline, de l’infrastructure réseau comme le câblage ou l’installation de serveur, etc. » Lui aussi était parti en métropole, « pour faire une licence de sociologie », mais lui aussi a échoué, avant un retour sur son île natale. Il a d’abord suivi une formation pré-qualifiante, puis qualifiante chez Aloalo. Il a décroché des stages chez Toibibou Info, à la DEAL et au conseil départemental.
Younaer par contre est passé à côté, « en raison de problèmes personnels ». Détenteur d’un CAP commerce à Doujani, et passionné de graphisme, il n’a pas obtenu son diplôme, « mais je vais retenter. »
Chaïr ne fait pas de bruit. Sourd et muet, il nous répond par écrit, aussi vite que ses collègues. Un membre du jury nous confiera plus tard que c’est un des meilleurs. Avant d’intégrer Aloalo, il suivait des formations à l’ADSM*. « Je voulais suivre cette formation d’assistant informatique depuis 2012, mais des blocages à la Caisse de sécurité sociale m’en empêchaient », explique-t-il. Il a effectué ses stages chez MSI, chez Etic Service et à Mayotte 1ère. Il a déjà commencé à chercher du travail, mais doit passer un second entretien.
3 fois plus de formations au prochain plan sur le FSE
La formation est financée à 85% par des fonds FSE, le Fonds social européen : « Nous avons un budget de 1,8 million d’euros sur la commande 2015, qui porte sur 24 formations dont celle-ci, et qui a permis de toucher 350 jeunes », explique Cristelle Touron, qui a basculé au conseil départemental de l’ASE au poste de contrôleur des organismes de formation professionnelle. Elle informe du prochain lancement du plan pluriannuel 2017 sur le FSE pour 3 ans, « qui concernera 60 formations, c’est à dire 955 jeunes », soit prés de 3 fois plus. Une bonne nouvelle.
Mariame Saïd, vice-présidente Chargée de la formation professionnelle, insiste sur les besoins : « Nous regardons l’employabilité avant de programmer les formations. » Pour faire davantage sur cette compétence qui touche la compétence régionale du Département, « il faut demander une augmentation des dotations Etat. » Qui verse entre 6 et 7 millions d’euros par an pour la formation professionnelle, « intégralement consommés, et même au-delà », affirme l’élue, avant de partir délivrer les titres. Ils sont 9 à avoir rempli les 3 modules nécessaires à sa validation.
En évitant l’écueil de former pour former, les résultats sont au rendez-vous, comme nous le confirme un des 4 membres du jury : « C’est un secteur en tension ici, ils n’auront pas de mal à trouver un boulot de techniciens en informatique ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*ADSM : Association pour les Déficients Sensoriels de Mayotte
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