C’est la première étude du genre réalisé dans le département. L’Insee, en partenariat avec la DEAL, propose une analyse détaillée de l’habitat. Qualité, confort, précarité, déménagement, location… Voici un aperçu des grandes données sur les logements de Mayotte, en 10 points.
1. Cinq fois plus de logements en 35 ans.
De 1978 à 2012, le nombre de résidences principales a été multiplié par 5,1 à Mayotte, un rythme plus rapide que l’augmentation de la population qui, elle, a été multipliée par 4,5 pour passer de 47.200 habitants à 212.600.
Les logements occasionnels ou secondaires sont très rares à Mayotte (2% des logements en 2012). En revanche, les logements vacants sont nombreux: 12% des habitations sont vacantes, soit 1,5 fois plus qu’à La Réunion.
2. Un habitat particulièrement précaire.
En 2013, sur les 53.200 résidences principales de Mayotte, 37% sont des maisons individuelles en tôle et 63% des constructions en dur (maisons ou immeubles collectifs).
Seulement 40% des logements ont un sol en carrelage, 26% en béton nu, 25% en revêtement plastique et 8% en terre battue.
3. Des conditions de logement très éloignées des standards nationaux.
Pour l’Insee, pour avoir le confort sanitaire de base, un logement doit disposer de l’eau, d’une baignoire ou d’une douche et de toilettes à l’intérieur. À Mayotte, plus de six logements sur dix en sont dépourvus: 28% ne disposent pas d’eau courante, 59% n’ont pas de toilettes à l’intérieur et 52% n’ont ni baignoire ni douche.
Ce n’est qu’une moyenne : la quasi-totalité des bangas en tôle ne disposent pas de ce confort sanitaire de base, contre quatre ménages sur dix vivant dans un logement en dur. Par exemple, ils sont aussi huit fois plus nombreux dans un banga à ne pas avoir d’eau courante (62% contre 8%).
A Mayotte, seulement un quart des logements est «sans défaut grave».
Absence de cuisine, difficulté à accéder à l’électricité, l’Insee note que ces «défauts» peuvent être simplement gênants voire problématiques dans le quotidien (humidité sur les murs, infiltrations d’eau, etc.).
4. Plus de la moitié des ménages sont propriétaires de leur logement.
Plus de la moitié des ménages de Mayotte se déclarent propriétaires de leur logement (56%) et parmi eux, 35% du logement et du terrain, et 21% du seul logement.
Il est à noter que 44% des ménages résidant dans une maison en tôle sont propriétaires du logement seul… mais seulement la moitié d’entre eux déclare avoir été autorisé à y résider par le propriétaire du terrain.
5. Trois marchés de la location cœxistent à Mayotte.
Un quart des ménages est locataire (26%). 42% des locations sont des constructions en dur (maisons ou immeubles) avec le confort sanitaire de base avec, en moyenne 610 €/mois de loyer.
Le 2e marché (30% des locations) propose des logements en dur sans le confort sanitaire de base pour des loyers nettement inférieurs (120 €/mois). Enfin, 28% des locations sont des maisons en tôle pour 60€ de loyer mensuel. Si les locataires consacrent environ 20% de leurs revenus au loyer, ce niveau peut monter à 68% pour les plus défavorisés.
Par ailleurs, 63% des logements sont surpeuplés: il leur manque au moins une pièce par rapport à la composition du ménage (91% des maisons en tôle, 46% des logements en dur).
6. De nombreux ménages logés gratuitement.
C’est un phénomène mahorais: 18% de l’ensemble des ménages, soit 3 fois plus qu’à La Réunion (6%) sont logés gratuitement, essentiellement par la famille. En province, ils sont encore plus rares (2%).
7. Un quart des ménages sans accès à l’eau courante.
En 2013, 28% des ménages de Mayotte, ne disposent pas d’eau courante dans leur logement. La situation s’est nettement améliorée en dix ans: en 2002, 75% des ménages n’avaient pas l’eau courante. Malgré ce rattrapage, Mayotte reste en retrait par rapport aux autres DOM, avec une situation comparable à celle de La Réunion d’il y a 30 ans ou de la Guyane d’il y a 20 ans.
Si 92% des ménages résidant dans un logement en dur disposent directement de l’eau, ils ne sont que 38% dans des maisons en tôle.
8. Un accès quasiment généralisé à l’électricité.
Il ne reste que 6% des logements à ne pas disposer de l’électricité en 2013. Depuis 2002, la part des ménages sans électricité a été divisée par quatre. Mais on semble avoir atteint un palier: en 2007 déjà, on ne comptait plus que 8% de logements dans le noir.
9. Un tiers des ménages insatisfaits de leur logement.
De façon étonnante, alors que les ménages sont nombreux à subir des conditions de logement dégradées, ils ne sont que 32% à estimer leurs conditions actuelles de logement «insuffisantes» (24%) ou «très insuffisantes» (8%). Les plus insatisfaits occupent un logement sans électricité (61%), en tôle (52%) et sans confort sanitaire de base (45 %). Les ménages vivant en situation de surpeuplement et les familles monoparentales sont également plus insatisfaits de leurs conditions de logement (respectivement 44% et 42%).
Préoccupation mahoraise : les problèmes d’insécurité dans le quartier sont fortement ressentis, par 31% des habitants de maisons en tôle et 23% des habitants de logements en dur. Nous sommes là bien au-dessus de ce qui est constaté à La Réunion (7%) et en province (4%).
Pour autant, la plupart des ménages se plaisent dans leur quartier ou village (82%) et les deux tiers estiment que c’est un bon ou très bon endroit pour vivre.
10. Quatre ménages sur dix envisagent de changer de logement.
C’est la conséquence du chapitre précédent, ils sont nombreux à vouloir déménager ou y seront contraints dans les trois ans à venir. C’est le cas de 42% des ménages résidant à Mayotte contre 26% à La Réunion et 25% en province.
Voici donc un aperçu du panorama de l’Insee. Sachez que Djamel Mekkaoui, le responsable de l’Insee à Mayotte a présenté les résultats de cette enquête à la presse mais également aux élus et aux institutionnels. Il y a effectivement matière à construire des politiques.
RR
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