Comme toujours, les Réunionnais aiment se croire au centre du monde. La presse réunionnaise imagine déjà Didier Robert, le président de la Région Réunion, en ministre délégué aux Affaires Étrangères pour l’océan Indien. Evidemment, il n’en est pas question car si l’État délègue généreusement aux collectivités locales des compétences sans toujours faire suivre les financements, en matière de relations internationales, il entend garder la main. Pour autant, la présence de La Réunion sur la scène régionale s’impose au fur et à mesure des signatures de conventions entre la collectivité réunionnaise et nos îles voisines.
Ce lundi, c’est avec Bary Emmanuel Rafatrolazasa, le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires Étrangères malgache, chargé de la coopération et du développement, que Didier Robert a signé une convention cadre Interreg V Océan Indien pour une période allant jusqu’en 2020. La signature donne incontestablement un nouvel élan à la coopération entre La Réunion et Madagascar.
«Nous sommes dans le cadre de la coopération régionale décentralisée», a souligné le préfet de La Réunion Amaury de Saint-Quentin, dont la présence rappelait la main du gouvernement français derrière l’événement. «L’État accompagne afin d’aboutir à un espace régional de prospérité dans une approche coordonnée et cohérente des actions avec la Région».
Une coopération pour être plus forts
Didier Robert, lui, entend user au maximum de ses prérogatives. «Par le passé, La Réunion n’a pas été suffisamment associée au travail de la Commission de l’océan Indien», a-t-il fait remarquer. La présidente du Département, Nassimah Dindar, a carrément plaidé pour «une représentation locale du ministère des Affaires Étrangères.»
Après Maurice et les Comores et en attendant les Seychelles, Madagascar est le troisième État de l’océan Indien avec lequel la Région signe la convention cadre Interreg V OI 2014-2020. «C’est un engagement très fort, soulignait Didier Robert. Les pays du continent africain prennent de plus en plus de place. Dans le cadre d’une coopération partagée nous devons mettre nos savoir-faire en commun, créer des passerelles entre nos pays. Coopérer pour réussir est essentiel.»
Un pont vers la Chine
Pour le secrétaire d’État malgache, «la signature de cette convention ouvre de nouvelles opportunités en mettant l’expérience de chacun en commun au profit d’une croissance partagée.» Bary Emmanuel Rafatrolazasa a appelé de ses vœux la mise en place d’une commission mixte dans les plus brefs délais et demandé au préfet l’assouplissement des conditions d’octroi des visas aux acteurs économiques malgaches. Avec Didier Robert, il a souhaité que La Réunion et Madagascar soient «des ponts entre la Chine et l’Afrique» dans le cadre de la Route de la Soie que souhaite développer le gouvernement chinois.
Doté de 63,2 millions d’euros du fonds européen Feder, ce programme opérationnel Interreg a été adopté par la Commission Européenne en septembre 2015. Il comporte deux volets dans le cadre de la coopération entre La Réunion et Mayotte d’une part et dix pays du Sud de l’océan Indien. Le volet transfrontalier, doté de 41,4 millions d’euros, concerne la coopération avec les pays membres de la Commission de l’océan Indien. Le volet transnational, de 21,8 millions d’euros, s’adresse aux autres pays de la zone. Depuis le programme 2000-2016, la Région Réunion assure l’autorité de gestion du Feder coopération.
PM, le JDM
avec le JIR.
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