Le «dîner des trois océans» constitue depuis longtemps un rendez-vous incontournable de la rentrée. Au moment où les ambassadeurs sont à Paris, la soirée est l’occasion pour la ministre des Outre-mer d’échanger autour des enjeux diplomatiques qui concernent les départements et territoires ultramarins. «Les gouvernements changent, les ambassadeurs et les préfets aussi, mais les enjeux demeurent», a relevé Annick Girardin qui se pliait à l’exercice du discours devant les ambassadeurs ce mardi soir.
Elle a placé son intervention sous le signe de la coopération régionale qu’elle considère comme «un impératif pour le développement des outremer. Tout l’enjeu est là: les territoires d’Outre-mer doivent sortir de la relation quasi-exclusive héritée du passé colonial qui les lie à la métropole. Pensons les Outre-mer dans leur environnement régional et nos politiques régionales en fonction de nos Outre-mer», a-t-elle déclaré.
Concernant Mayotte, pour la ministre, «l’amélioration de la coopération avec les Comores est un impératif afin de pouvoir y décliner la politique européenne de voisinage». Et «les conflits de souveraineté», ne doivent pas «obérer nos projets de coopération économiques maritimes», a-t-elle ajouté. «D’ailleurs, dans l’Océan indien, je suis convaincue que c’est ce qui facilitera la reconnaissance de notre souveraineté dans la région».
Pour un visa facilité
La ministre a fait deux annonces marquantes concernant les échanges et la circulation des personnes. Elle s’est montrée favorable au développement d’un «Erasmus régional», pour permettre aux étudiants de poursuivre leurs études dans les territoires de leur région, les jeunes ultramarins pouvant aller dans les pays voisins et inversement.
«J’irai même au-delà : je suis favorable à la création d’un ‘visa outre-mer’ à destination des ressortissants des pays voisins. L’idée serait de faciliter les modalités d’obtention d’un visa pour des raisons légitimes : le regroupement familial, la formation professionnelle, les déplacements pour des enjeux économiques, sanitaires et scientifiques. Un tel visa outre-mer permettrait de mieux maîtriser les mouvements migratoires», a-t-elle expliqué.
Dépasser les querelles postcoloniales
Pour Annick Girardin, le renforcement de la coopération régionale ne peut qu’être bénéfique. «Nous avons tous à y gagner : les territoires ultramarins bien sûr, mais la France hexagonale aussi, qui se pense en acteur mondial mais qui, souvent, ne valorise pas assez l’atout extraordinaire que constitue une présence dans tous les océans du globe. Le Premier ministre a écrit dans ma feuille de route: ‘les outre-mer offrent des perspectives stratégiques majeures à notre nation et des atouts sur lesquels repose en partie sa puissance’. Je suis convaincue que c’est également l’intérêt des Etats voisins de nos territoires ultramarins. Bien souvent, à l’exception sans doute de l’océan indien où les relations restent difficiles, ils ont dépassé les querelles postcoloniales du 20e siècle pour voir la présence française comme un facteur de stabilité et un atout économique. Il nous appartient de répondre à leurs attentes.»
La ministre qui arrive ce jeudi matin à Mayotte aura probablement de nombreuses occasions de décliner cette annonce pour notre département, qui reste en effet à part dans son contexte régional.
PM
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