De coopération régionale il en était question ce lundi matin au siège des Chambres consulaires. Initié en 2013 par l’Union des Chambres des Métiers et de l’Artisanat de l’Océan Indien, ce Forum se tient depuis chaque année à Mayotte et réunit presque exclusivement les artisans mahorais, comoriens et malgaches.
Un succès croissant puisque le Secrétaire général de la CMA Mayotte, Jean-Denis Larroze, rappelait que les 147.000 entrées en 2016 étaient en mettre en perspective avec les 50.000 de la Foire Internationale de Madagascar (FIM), soit le triple. Cette année, ce sont plus de 95 artisans qui sont attendus cette année dont 25 mahorais.
« D’autres pays comme l’Indonésie, Maurice ou les Seychelles, sont demandeurs, mais difficile de programmer un Forum de plus grande envergure quand nous avons la confirmation des subventions un mois à l’avance », se plaint Jean-Denis Larroze, en visant une fois de plus le Conseil départemental. Qui, avec la préfecture, jouait les grands absents du lancement du Forum.
Jackpot pour les visas malgaches
Une coopération régionale qui fonctionne ? Pas tout à fait puisque les comoriens de Grande Comore et d’Anjouan, et dans une moindre mesure de Mohéli, ont eu des difficultés pour obtenir leurs visas. « Nous allons mettre en place une organisation opérationnelle auprès de l’ambassade comme nous l’avons fait avec Madagascar qui a permis cette année de délivrer 99% des visas demandés. » Autre difficulté, le transport régional, « autant le fret que les personnes. »
Les sempiternels rabat-joie des réseaux sociaux qui s’insurgent contre toute forme de coopération entre les 4 îles de l’archipel, Jean-Denis Larroze les balaie d’un revers de main, « c’est nul ! La coopération profite à tous. » Et de détailler les actions mises en place ces dernières années comme une formation inter-îles à la sculpture, la vannerie et la broderie, l’intervention de la CMA Mayotte à Anjouan et Diego Suarez, grâce au fonds de coopération régionale de l’Etat, « qui va aussi permettre de lancer dès le mois d’octobre une formation dans le BTP à Anjouan. Les inscriptions sont ouvertes. »
De l’antillais malgache
Une dynamique d’autant plus nécessaire que les échanges régionaux avoisinent le zéro pointé : « Les exportations de Diego vers Mayotte ne concernent que le sel, et en sens inverse, c’est du matériel d’occasion qui quitte Mayotte, réfrigérateur, gazinière, etc.I l y a donc beaucoup à faire en matière d’artisanat. » L’entreprise Touch’ Du Bois a pu s’en rendre compte, qui peut désormais exposer ses produits au grand hôtel malgache du Louvre. Et va décliner ses créations uniques de bijoux en série, de prix plus abordable, grâce à une coopération avec un artisan anjouanais.
« Les Mahorais doivent aussi se bouger ! », lance le secrétaire général de la CMA, en expliquant que l’artisanat guadeloupéen est initié à Madagascar, avant d’être le produit fini « made in Guadeloupe » que peuvent acheter les antillais. « Il y a là un marché pour Mayotte aussi. »
Si la délégation malgache est importante, c’est aussi que le différentiel de change entre l’Ariary et l’euro incite nos voisins à venir présenter leurs produits sur le marché Mahorais, « l’Assemblée Régionale des Chambres de Métiers et de l’Artisanat Mayotte-Madagascar grandit de jour en jour », car il y a un vrai savoir faire dans la Grande Ile.
Un côté artisanal
Le ministre de l’Artisanat Comorien devait être l’invité d’honneur de ce Forum au thème centré sur son pays. S’il a été empêché par un déplacement du président de l’Union, son adjoint a été freiné lui par un soucis de visa. C’est donc Kamal Eddine, président des Chambres de Commerce, de l’Industrie, et des Métiers et de l’Artisanat de l’Union des Comores, qui prenait la parole.
Il évoquait les 32 artisans présents cette année au Forum, « nous aurions été plus nombreux sans des problèmes administratifs et financiers ». Si à Mayotte, l’artisanat n’est pas très développé, en Union des Comores il est encore… artisanal : « Les transmissions du savoir se font encore de père en fils ou de mère en fille, nous n’avons pas de formation diplômante, c’est une activité de survie. » Il annonce la proche création d’une coopérative artisanale.
Comme l’a conclu Jean-Denis Larroze, « la coopération c’est bon pour l’économie, mais c’est aussi un facteur d’unité entre les îles ».
Rendez-vous ce mardi à 10h pour l’inauguration en présence de Miss Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.