Sète est un des 4 grands ports de pêche aux thons en Méditerranée. Avec l’armateur Avallone, Raphaël Scannapieco est l’un des poids lourds de la pêche au thon rouge. Ils avaient été condamnés tous deux en 2014 à de la prison avec sursis pour fraude aux quotas. Le second de son côté avait été condamné par le passé à 10.000 euros d’amende par le tribunal de Montpellier pour avoir pêché au large de l’Egypte avec un avion détecteur de banc de poissons.
La demande d’immatriculation n’est donc pas vue d’un bon œil par les professionnels mahorais, surtout ceux qui s’adonnent à la pêche à la palangre*. Si Régis Masséaux, Cap’tain Alandor, le faisait savoir, c’est en sa qualité de président du Parc Naturel Marin de Mayotte : « Nous avons bien sûr donné un avis défavorable ». Avant de s’expliquer sur le « bien sûr ».
Encore une histoire de quotas
Lors du conseil de gestion du PNM ce jeudi, l’ensemble des membres étaient réunis. On notait la présence de Henri Levet, commandant des focres armées de la zone sud de l’océan Indien, qui représentait le préfet de La Réunion,, et Yves Jourdan, le nouveau commandant de la base navale de Mayotte. Également, Pascale Chabanet, expert en récifs coralliens.
Plusieurs arguments dans les filets du Parc Marin pour contrer l’arrivée du palangrier sétois. La réglementation européenne d’abord, qui encadre la pêche et définit les quotas des navires. Qui arrivent pas loin de leur maximum à entendre Régis Masséaux, « en terme de kilowatt pour les thoniers senneurs qui ne peuvent alors plus dépasser les 30m », et en terme de préservation d’investissement des pêcheries pour les palangriers, « ils doivent être inférieurs à 23m ».
Se greffe la limitation de pêche de la Commission Thonière de l’Océan Indien en terme de DCP dérivants, ces Dispositifs de Concentration de Poissons victimes de leurs succès, les thoniers y prélevant des juvéniles.
Le filet se resserre
D’autre part, la demande de l’armement Scannapieco porte également sur l’assistance. Pas de chance, là encore, la législation se fait plus contraignante en ce moment, « il faut moins de supply ».
Une fois toutes les règlementations appelées à la rescousse, il reste une donnée non négligeable : outre la préservation de la ressource qui est une priorité du PNM, « le projet n’était pas pourvoyeur d’emplois locaux ».
Problème, le Parc Marin ne peut donner qu’un avis simple sur ce genre de dossier, il n’est donc que consultatif. C’est une autre instance qui prendra la décision, « la Direction des pêches maritimes, qui tiendra compte des besoins de la population Mahoraise », assure Régis Masséaux.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Une longue ligne, appelée la ligne principale, avec des appâtés placés aux crochets attachés à des intervalles réguliers au moyen de lignes secondaires appelées avançons
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