Une rencontre diplomatique Franco-comorienne à quelques jours des élections sénatoriales sur un sujet aussi important que les visas et sans communication officielle de surcroit, le sénateur Thani Mohamed Soilihi s’en serait à coup sûr passé ! D’autant qu’il est investi par La République en Marche.
Une période de « fragilité », pour le sénateur sortant qu’il est, « faute d’activité au Sénat, mes réseaux habituels sont désactivés. Et je suis à la fois sur le même pied d’égalité que les autres candidats, mais par contre, pas avec les autres élus (entendre les députés, dont Mansour Kamardine, ndlr) qui exercent leurs mandats. »
Il s’exprime tout d’abord sur la feuille de route, « ce n’est pas un accord. Celle qui pourrait mener à une paix espérée dans le conflit Israélo-palestinien dure depuis les années 2000, c’est dire que cela peut être long avant d’aboutir ! »
Ensuite, il rappelle que cette rencontre du Haut Conseil paritaire du 12 septembre a été organisée par un gouvernement « aux multiples colorations politiques », afin de stopper toute guerre des partis.
La “masse” d’étrangers en situation irrégulière déjà présents
Face à la complexité de la situation et aux enjeux de taille que posent les relations entre Mayotte et l’Union des Comores, il en appelle à la « solidarité des élus mahorais », « nous ne devons pas nous diviser, mais nous rassembler parlons d’une seule et même voix. Les Assises de l’Outre-mer qui se tiennent bientôt doivent nous permettre de proposer ce que nous voudrions inscrire sur la feuille de route. »
Le sénateur informe qu’une réunion est en préparation, à sa demande au ministère des Outre-mer, « peut-être pour la semaine prochaine », précisément pour que les élus puissent s’exprimer.
Il évoque malgré tout déjà le fond du sujet, en évoquant « la masse d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire » : « Le gouvernement doit nous dire ce qu’il compte faire de ces personnes qui sont entrées en violant les règles d’entrée et de séjour. Il en va de notre cohésion et de nos politiques publiques en matière médicale ou scolaire. Les financements de tous les gouvernements successifs n’ont pour l’instant pas été à la hauteur des enjeux. C’est une condition sine qua non à tout accord », explique le sénateur sortant.
Manipulation électorale
Quant au document qui circule, il évoque un faux, grossier même ! En soulignant les fautes de frappe, « comme si le quai d’Orsay allait laisser passer ça ! Les deux parties ont demandé qu’il n’y ait pas de communication. » Comme nous l’avons fait ce matin, il analyse malgré tout le document qui circule sur les réseaux sociaux, « ça ne me choquerait pas qu’il soit proche du document final, tout n’est pas à mettre à la poubelle. On parle de coopération régionale, de contrepartie, de ‘sécurisation institutionnelle’. Et il est mentionné que de toute façon, in fine, l’accord devra être ratifié par les parlementaires. »
Alors quid des fuites orchestrées ? « Je soupçonne certains qui ont des réseaux comoriens de manipuler ces élections pour leur propre bénéfice », lâche-t-il. Les candidats-sénateurs concernés, comptez-vous ! Il se dit en tout cas « peiné par la tournure que prend la campagne actuelle et ces tentatives de manipulation. Les destinées de Mayotte sont en jeu ».
Une conférence de presse dont on retiendra deux cap, « il fallait arrêter l’hémorragie », et Thani Mohamed utilise ses contacts à Paris pour une réunion rapide au MOM, « et nous aurons des bribes de ce que contient la feuille de route », explique celui qui ne l’aurait pas révélée s’il l’avait entre les mains, « il s’agit d’un document de diplomatie internationale. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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