L’IEDOM s’émancipe de l’Etat. En devenant une filiale à 100% de la Banque de France, elle adapte sa stratégie, tout en gardant son ancrage ultramarin. Ses 3 piliers sont toujours la stratégie monétaire, la stabilité financière et les services à l’économie.
Sous François Hollande, le gouvernement a décidé de renforcer les compétences budgétaires, économiques et financières de tous les citoyens français : « 85% des Français interrogés déclaraient n’avoir jamais reçu d’éducation économique et financière », rapporte Marie-Anne Poussin Delmas, la présidente nationale de l’IEDOM de passage à Mayotte. La Banque de France a été retenue pour faire le job, avec dans les Outre-mer, sa filiale l’IEDOM.
La mission est lourde, on part quasiment de zéro : qui, en dehors des étudiants en sciences-économie, a reçu au cours de sa scolarité, une formation à la tenue d’un budget par exemple ? « Nous avons conçu avec 20 acteurs associatifs un portail d’information en janvier 2017 ‘mes questions d’argent’, et nous en sommes déjà à 400.000 pages vues ».
« Prenons une commune au budget retoqué par le préfet… »
Sur le terrain, le champ est vaste, et il a fallu trouver des acteurs-relais. Les travailleurs sociaux ont donc été démarchés, avec notamment une 1ère réunion menée par l’IEDOM en mairie de Mamoudzou le 4 septembre avec 38 associations, centres communaux d’action sociale, etc.
Le 2ème partenaire tout trouvé pour l’action EDUCFI, c’est le vice-rectorat : « Nous allons intervenir dans les lycées professionnels pour présenter de façon pédagogique les notions de PIB, de crédit, de dépôt bancaire ». Et la vice-recteur Nathalie Costantini y voit l’intérêt d’y introduire des cas d’école, « nous pouvons faire travailler les filières éco-gestion sur les données du territoire, plus parlantes pour les élèves. » Les écueils à éviter pour gérer une interco par exemple ?!…
Les étudiants seront touchés lors de la Semaine de l’enseignement supérieur, « pour leur apprendre à tenir un budget, ou ouvrir un compte en banque. Catherine Ibanez, Inspectrice du second degré en Eco-gestion y voit l’opportunité de jeter des ponts avec les banques, « notamment pour la recherche de stage de nos BTS. »
Réduire le grand écart entre la TPE à la banque
Autre secteur dans lequel l’IEDOM va s’investir, les Très Petites Entreprises (TPE), très nombreuses à Mayotte. « Un correspondant TPE a été nommé sur 6 DOM/COM. Il sera facilitateur auprès des organismes professionnels que sont l’Adie, la BGE ou la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire », explique Robert Satge, le directeur local de l’IEDOM.
En quelques semaines, 10 d’entre elles en ont bénéficié : « Leurs besoins tournent autour des questions financières, de conseil juridique ou de droit du travail ». L’IEDOM devient donc un facilitateur, mais aussi un pont vers leur croissance : « Les meilleurs TPE sont presque bancables, nous incitons l’Adie à les présenter aux banques. » Ces dernières vont y voir l’occasion d’accompagner des petits projets dont elles n’auront pas à essuyer les plâtres.
Prêcheur auprès des jeunes et du public en difficulté et tuteur auprès des tous petits, l’IEDOM s’offre un nouvel habit qui devrait le faire connaître enfin du grand public.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.