“Si dans 10 ans j’ai créé 100 emplois, j’aurai réussi ma vie”.
Cédric Curier, apnéiste et moniteur de plongée, vient de créer son entreprise à Mamoudzou.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeune entrepreneur de 35 ans voit grand. Un projet “ambitieux, humaniste, écologique et utopiste”, promet-il. Concrètement, ça donne quoi ?
Son entreprise, “The Mustache Mermaid”, la sirène moustachue en anglais, a été lancée la semaine dernière, et compte déjà une poignée d’adeptes qui viennent se relaxer après le travail, et s’initier ou se perfectionner dans la pratique de l’apnée. “Un voyage intérieur” selon le formateur, qui fait travailler ses stagiaires sur leur respiration, et l’écoute de leur corps. Mais ce projet va plus loin.
“Il y a plusieurs parties. D’abord, une école d’apnée, qui vise à montrer que l’océan est une chance et que l’apnée, ce n’est pas bien compliqué. Le public qui m’intéresse, ce sont les gens qui aiment Mayotte et découvrent le Lagon. Ensuite, il y aura une école gratuite pour la jeunesse mahoraise. La plongée, c’est aimer et respecter, je voudrais faire en sorte que tous les enfants des écoles aient accès à ça. Je suis aussi formateur de secourisme, et je veux que chaque enfant mahorais soit capable de sauver son pote s’il se noie.”.
Pour faire vivre cette école d’apnée, Cédric Curier a déjà recueilli l’intérêt de grands noms de l’apnée, comme les champions Pierre Frolla, Guillaume Néry ou encore Stéphane Tourreau. “Des champions qui ont une connaissance énorme de l’apnée, de la relaxation, du lâché prise et du yoga.” Ces sommités dans le milieu devraient intervenir toute l’année, à raison d’un par mois pour partager leur passion.
Ca c’est pour l’intérêt humain. Mais l’objectif à terme, c’est “du développement durable. Je veux tout faire en local, créer de l’emploi local. Ce n’est pas insurmontable, il faut se donner les moyens. Je veux montrer que Mayotte est une chance pour la France, et non un poids.”
Un musée en corail
Le volet écologique de son projet, c’est par exemple le biorock. Une technique qui consiste à électrifier légèrement des constructions métalliques pour accélérer la formation de corail autour. L’idée est d’établir ainsi “un musée sous-marin pour désengorger les sites de plongée, tout en faisant réaliser les structures en métal par des artisans mahorais. Ca existe déjà à Bali, et ça crée du tourisme ciblé et fidélisé, car les gens reviennent chaque année voir comment les sculptures évoluent.”
Dans le même esprit, ce plongeur passionné veut “créer une école de plongée pour former des moniteurs avec une philosophie de plongée pour tous. Chaque être humain marche, chaque être humain devrait aller sous l’eau un jour” argue-t-il.
On l’aura compris, ce concept tourné vers l’humain et le respect de l’environnement va demander du temps et du travail. Mais le jeune homme ne compte pas en rester là.
“Le but ultime, c’est de créer un centre de tortues à Mayotte, à l’image de Kélonia à la Réunion. Je suis déjà pour cela en contact avec le parc marin, je leur ai dit que j’étais prêt à porter le projet. Puis viendra un centre pour les mammifères marins afin de faire venir du tourisme.”
Du développement économique et social. Un projet écologique et durable. Une offre commerciale qui répond à une demande, et semble déjà séduire des partenaires. 100 emplois dans 10 ans, en effet, ça fait rêver.
Si l’apnée peut offrir ça, alors on retient son souffle, et on y croit.
Yohann DELEU
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