“Discuter avant qu’il n’y ait une explosion sociale”. Alors que le code du travail de droit commun entre en application à Mayotte dans trois mois, la Dieccte a cette volonté affichée de poser les bases de discussions saines sur le 101e département français.
“Parce que la mise en œuvre du code du travail n’est pas qu’un travail administratif, nous avons mis en place une formation, d’octobre 2017 à février 2019, ouverte à 26 personnes” explique Alain Gueydan, le directeur de la Direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation du Travail et de l’Emploi de Mayotte.
Ces 26 bénéficiaires sont issus de plusieurs “collèges” : syndicats d’employeurs et de salariés, missions locales, Sécurité sociale, Vice Rectorat, Conseil Départemental, mais aussi l’association des Cadis et Oulemas, la CCI Océan indien et le Cesem notamment. “Nous avons essayé de choisir le partenariat le plus large possible, charge ensuite aux participants de diffuser ce qu’ils auront appris dans leurs organisations respectives. Chacun entend la même chose, participe, apporte son expérience personnelle, mais laisse sa casquette à l’entrée.”
En somme, pas de conflits prévus lors de ces mois de formation entre les représentants des différents bords, plus habitués à se confronter qu’à partager le banc de l’école. L’idée acceptée par les participants est de “construire une base commune, pour qu’ensuite, chacun dans son rôle, ait cette notion de dialogue avant d’en venir au conflit social”.
Des mots compris par tous, pour un dialogue constructif
Dans les faits, les participants auront dès le mois qui vient des leçons de “connaissances institutionnelles” à Lyon, puis une séquence sur les “réalités territoriales”. Le troisième module de formation s’intitule “ici à Mayotte, construire un diagnostic partagé du territoire”. Ensuite, les “stagiaires” partiront en Martinique, découvrir dans un autre territoire ultramarin comment le dialogue social tient compte des spécificités du territoire. La référence là-bas étant la grève de Toyota qui, après 4 mois de blocage de l’île a donné lieu à “une expérience réussie avec des actes conclus”. Début 2019, les partenaires sociaux, qui auront appris à discuter, construire, et s’appuyer sur de solides bases juridiques et méthodologiques, devront élaborer “la charte du dialogue social à Mayotte”.
Ils auront appris “les termes inhérents au dialogue social, les stratégies de négociation. Cette formation n’est que le début. Le but à terme est que les choses se fassent sans la Dieccte”. Bien sur cette dernière pourra toujours exercer son rôle de médiation comme elle l’a fait à de nombreuses reprises ces derniers mois, mais uniquement “si besoin est”.
Yohann DELEU
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