Face aux restrictions budgétaires, Annick Girardin aura donc défendu les « spécificités démographiques, géographiques et économiques des territoires ultramarins ». Son budget (DP Budget 2018) plafonne au dessus des 2 milliards d’euros comme l’année dernière, 2,02 milliards d’euros plus exactement, contre 2,032 milliards en 2017. Les autorisations d’engagement augmentent de 3,6%, et les crédits de paiement de 4,4% « à périmètre constant », or les périmètres dans les outre-mer sont en hausse régulière, en témoignent les établissements scolaires à Mayotte.
En matière de développement territorial, les routes, les quais, les réseaux d’eau potable ou d’assainissement, ce sont les Contrats de projet qui assurent. Il n’y a donc qu’à dérouler les objectifs inscrits en 2014, « pour 2018, les engagements s’élèvent à 152 millions d’euros, soit 12% d’augmentation par rapport à l’année passée ». Viendra s’y ajouter le fonds exceptionnel d’investissement qui se maintient à 40 millions d’euros, consacré aux politiques publiques structurantes, comme la gestion des déchets, la prévention des risques naturels, le désenclavement des territoires…
L’effort en matière de construction scolaire pour 2018 est porté à 85 millions d’euros, contre 30 millions l’an passé. « Une part importante de ces crédits sera allouée à la Guyane », conformément aux accords de Cayenne. On sait qu’il a été porté à 20 millions d’euros par an à Mayotte.
Un milliard volant
La déception vient du grand plan d’investissement présenté lundi par le premier ministre, qui permettra de « sanctuariser un milliard d’euros d’investissement publics au profit des outre-mer sur toute la mandature, autour de priorités qu’il nous reviendra de définir avec les ultramarins et en lien avec l’ensemble des ministères. »
On est en droit de s’inquiéter en mettant en parallèle cette annonce avec celle d’Emanuel Macron alors en campagne à Mayotte, qui avait promis en effet « un milliard pour les Outre-mer », mais « essentiellement fléché sur la Guyane et Mayotte ». Depuis le département français des Amériques a été largement doté en milliard, et on aurait souhaité que, par les temps qui courent, Mayotte soit mentionnée plus explicitement. Encore un job à plein temps pour nos parlementaires.
Le SMA, Service militaire adapté sur lequel avait flashé François Hollande de passage à Combani au point de le transposer en métropole, sera doté de 20 militaires supplémentaires pour renforcer l’accompagnement des stagiaires, soit 127 emplois supplémentaires jusqu’en 2022.
La moitié du budget pour le secteur privé
En 2018, c’est encore un signe fort qui est envoyé aux entreprises ultramarines puisque la moitié du budget (1,08 milliard d’euros) est consacré aux allègements de charge sociales, comme en 2017, avec un maintien du Crédit impôt pour la Compétitivité et l’emploi (CICE) majoré à 9% outre-mer. Dans l’esprit d’inciter à la création d’emplois dans ces territoires où le chômage des jeunes avoisine les 40%.
L’institut de formation aux carrières administratives sanitaires et sociales (IFCASS) qui prépare un public de jeunes ultramarins à la présentation de divers concours orientés vers les métiers de la santé et de l’accompagnement social, sera doté de 1,2million d’euros, en hausse de 30%.
Le soutien à la mobilité des ultramarins fera l’objet de réflexion au cours des Assises des outre-mer, mais en attendant, le nombre de billets délivrés au titre du fonds d’échanges à but éducatif, culturel et sportif (FEBECS) sera doublé dès 2018.
Appui aux collectivités méritantes
La construction et la rénovation de logements ne sont pas oubliées puisque la ligne budgétaire unique (LBU) qui répond aux besoins, sera intégrée dans un grand plan d’investissement du programme « habiter mieux » de l’ANAH afin d’accroitre son intervention outre-mer. « Par ailleurs, le produit de la cession des participations de l’Etat au sein des SIDOM viendra abonder la LBU d’environ 20 M€ courant 2018. »
Le ministère des outre-mer consacrera 25 M€ en 2018 au financement de prêts bonifiés accordés par l’Agence française pour le développement (AFD) aux collectivités ultramarines qui y accèdent.
Des objectifs qui seront débattus lors des Assises des outre-mer lancées le 4 octobre prochain, « lieu d’expression collective et de valorisation de ces projets d’avenir ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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