La résidence Mangua Bé (Grand manguier) étale sa couleur jaune et ses 3 étages sur le lotissement du même nom à Poroani. Lors de son inauguration en grande pompe ce mercredi, la maire Roukia Lahadji allait droit au but : « Je sais que nous les Mahorais, nous n’avons pas l’habitude de vivre en hauteur, mais comment faire ?! J’ai 350 demandes de logement, et sur cette zone, il fallait caser 70 familles. Face à la rareté du foncier, il n’y a pas d’autres solutions que de densifier l’habitat ».
Mais dans ce petit immeuble, les coutumes mahoraises ont été intégrées à la conception par l’entreprise HSPC, Habitat Social à Prix Coutant (HSPC). Un pari pour son directeur Julland Khaldi, qui essuyait les plâtres d’un programme expérimental : « Le coût du projet était de 1,3million d’euros, pour des appartements allant du T2 au T5, à proposer à des personnes n’ayant pas ou peu de revenus et bénéficiant des aides sociales ou très sociales ».
Il ne lui manque plus que la lumière
Aux côtés du 1,3 million, l’Etat a financé l’accession en elle-même à hauteur de 983.000 euros. Soudjay En-Ichat est une des heureuse bénéficiaire du programme : « A 31 ans je vivais chez ma mère avec mes 4 enfants. Lorsqu’ils ont vu l’appartement, ils ont crié ‘c’est magnifique !’ » Elle a versé un apport de 2.000 euros, le reste sera prélevé directement sur ses allocations à hauteur de 13.000 euros.
L’appartement est livré tout nu, charge aux nouveaux propriétaires de le carreler et de le décorer à leur goût. C’est déjà fait pour En-Ichat, qui a opté pour un léger mauve sur les murs, et un carrelage blanc au sol. Elle a même installé la plaque de cuisson, « j’attends pour emménager que l’électricité soit installée. » C’est la partie du conseil départemental qui devait poser un transformateur dans le lotissement. Ce serait en cours nous dit-on du côté de la mairie qui se veut optimiste, et évoque une délibération qui trainait dans les couloirs.
Carré de verdure et espace de vie
Le programme a été livré dans les temps malgré un aléas de taille : la pénurie d’eau, « et pendant une longue période dans les sud », insistera la maire qui félicite les artisans.
Le pari de la mixité sociale, avec des LAS, des LATS, mais aussi un accès libre, sans condition de bas revenus, est aussi celui de l’intergénérationnel. Avec un gros « plus », le respect des coutumes mahoraises : un petit carré de verdure est associé à chaque appartement, et un espace pour manger à l’extérieur, « mais aussi pour s’asseoir, et regarder les passages dans la rue, ou discuter avec les voisines », poursuit Juland Khaldi.
Le challenge est encore à venir : « Nous devons montrer qu’en accession, nous sommes capables d’entretenir et de ne pas dégrader ces habitations, lance Roukia Lahadji, je vous donne à tous rendez-vous dans un an, sans les caméras ou les flash, pour tirer un premier bilan ». Avant de réitérer l’opération. L’entretien et le bon usage de l’ensemble, ce sera le rôle du syndic mis en place par HSPC.
Anne Perzo-Lafond
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