Est-ce une coïncidence ? En tout cas, le préavis de grève illimité déposé par la CGT Ma et Force Ouvrière au sein de la compagnie Mayotte Channel Gateway a été déposé ce jeudi, le jour même où la présidente de la société Ida Nel présentait ses projets pour le port de Longoni à une mission interministérielle composée de l’Inspection générale de l’administration (IGA), de l’inspection générale des finances (IGF) et du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD)
Alors que le Département souhaite résilier par anticipation la DSP, les ministres Girardin (Outre-mer), Darmanin (Action et comptes publics) et Borne (Transports), qui ont initié cette mission, notent que cela « pourrait avoir des conséquences importantes pour le département dans son ensemble et ce, pour une durée significative ». C’est donc dans un esprit de conciliation qu’est mise en place cette mission.
Le courrier interministériel mentionnait qu’elle va « appuyer le Département dans son analyse des modalités et des conséquences de la résiliation de la DSP », mais elle va également étudier les scénarios «pour piloter plus efficacement le contrat actuel de DSP », pour aboutir à un fonctionnement efficace du port, « équipement stratégique pour la vie et le développement du territoire ».
On ne reviendra pas sur les péripéties entre délégant et délégataire qui ont conduit le Département à choisir la voie de la suspension de la DSP, mais son président, Soibahadine Ramadani, rappelait ce jeudi dans son discours lançant les Assises des Outre-mer, qu’il souhaitait « la transformation du port de Mayotte dans un Grand Port Maritime d’Etat ».
Du côté du port, plusieurs mouvements de grogne émergent aussi. D’abord chez l’aconier historique, la SMART, dont le gestionnaire Jean-Claude Henry nous a contacté pour préciser que dans le cadre de formation de son personnel sur les grues de Mayotte Channel Gateway, aucune convention de mise à disposition de ses grutiers n’avait été signée entre lui et la présidente de MCG.
Ce qui nous est confirmé par Jacques-Martial Henry, chargé de mission de MCG : « La défiscalisation de nos grues impose qu’elles soient conduites pendant 7 ans par notre personnel. Or, la SMART ne veut pas nous mettre ses salariés formés à disposition, tant pis pour eux ! MCG pourrait très bien recruter à l’extérieur. » De son côté, Jean-Claude Henry se base sur le règlement portuaire : « Il est signé par le conseil départemental, et précise que les grues et tous les moyens portuaires, doivent être mis à disposition de l’aconier ». Et reproche au gestionnaire de lui “surfacturer l’assurance des grues pendant la formation”.
A l’intérieur de la société, une partie des salariés de MCG, une trentaine selon leur porte-parole Attoumani Mari, a décidé de déposer un préavis de grève illimitée pour le 23 octobre, sur les mots d’ordre déjà produits lors de précédents mouvements de grève, mais qu’ils estiment non satisfaits « malgré de nombreuses demandes de négociations et de réponses sans suite », notamment « le respect de l’accord de fin de conflit du 24 juillet 2017, l’annulation des mises à la retraite d’office », etc. (Lire Préavis de grève du 23-10-2017 )
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com
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