30.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueiljusticeIl "corrige" sa fille et part à Majicavo

Il “corrige” sa fille et part à Majicavo

Barre tribunal MamoudzouIl se dit “fatigué de la prison”, et y retourne.

Bacar S. , 7 mentions au casier, a un talent rare pour ce qui est d’agacer les magistrats.
Ce lundi, il comparaissait pour avoir violenté sa fille de 14 ans début septembre. Ce jour-là, à Sada, les gendarmes sont appelés pour des violences sur mineur. Lorsqu’ils se présentent au domicile de Bacar S., il entendent des cris à l’intérieur. Ceux d’un homme en colère, et ceux d’une fille en détresse. Les militaires frappent à la porte, s’annoncent comme gendarmes, et les cris redoublent de violence. Ils décident alors de défoncer la porte, et entrent dans le logement. Là, ils trouvent un homme qui étreint fortement la victime par la gorge pour l’empêcher de les rejoindre. L’homme tient une machette à la main. Après plusieurs sommations des militaires, il la relâche et se laisse interpeller.
En audition, la fille explique que son père boit et fume du bangué et qu’il est “fou”. Elle dit avoir eu “très peur qu’il me tue”.
Placé en garde à vue, le père, âgé de 38 ans, montre en effet des signes d’instabilité mentale. Il déchire son matelas et défèque à côté des toilettes. Il n’en fallait pas plus pour que son avocate ne réclame une expertise psychiatrique. Une expertise qui le décrit comme impulsif et autoritaire, mais pas malade et accessible à une peine d’emprisonnement.

Une curieuse défense

Interrogé sur les coups portés à sa fille, le prévenu dit qu’il n’a “pas de problème de violence, j’ai toujours été accusé mais je n’ai jamais agressé personne”. En audition, il reconnaissait avoir usé de son “droit de correction”
“Vous avez fouetté votre fille avec une branche, l’avez menacée avec un coupe-coupe, ça dépasse le droit de correction d’un père” fustige la présidente.

“Je l’ai fouettée deux ou trois fois, pour lui remettre les idées en place, c’est tout” minimise le prévenu qui n’en finit pas de s’enfoncer. “Je l’ai fouettée car sa maman appelait la police, pour lui faire comprendre que ce que faisait sa mère n’était pas bien”.
Fouetter la fille pour punir la mère, les magistrats manquent de s’étrangler et égrainent le casier du prévenu, qui écoute en souriant. Sept mentions pour des délits routiers, des violences et des outrages. Autant de complots pour le trentenaire qui ne reconnaît aucun des faits pour lesquels il a été condamné. “Je ne suis pas un délinquant, je suis un homme responsable, un Mahorais qui veut travailler pour aider son île”.

L’homme accuse son ex-compagne de vouloir le faire condamner, et répète plusieurs fois n’avoir jamais commis de violence. Tout en reconnaissant les coups de fouet avec une branche.

Le procureur décrit un cas “atypique, pas réceptif à l’explication”. “Interloqué” par l’expertise psychiatrique qui écarte toute maladie mentale, il regrette l’attitude du prévenu à la barre. “Vous ne voulez pas comprendre que c’est grave, qu’on n’a pas le droit de frapper, même sa fille. Tout ce qu’il me reste, c’est la peine lourde et dissuasive, pour que ces faits ne se reproduisent pas. Quand on a sept mentions à son casier, on ne la ramène pas!”, tonne-t-il, réclamant un an de prison dont 6 mois avec sursis et mise à l’épreuve.

Invité à se défendre, son avocate n’ayant pas fait le déplacement, l’homme répète qu’il n’est “pas un délinquant, mon casier n’est pas justifié pour moi. Violenter ma fille, c’est pas grave, j’ai jamais frappé les enfants” poursuit-il, à la limite de l’incohérence. Il estime enfin que “les soins c’est une perte de temps pour moi”.
Qu’importe, le tribunal a jugé qu’il avait besoin de consulter un psychologue. Renvoyé en détention pour les prochaines semaines, il écope de 6 mois, dont trois mois avec sursis et mise à l’épreuve. A sa sortie, il devra se soigner pendant deux ans, ne pas porter d’arme, travailler. Sans quoi il retournera en prison pour trois mois supplémentaires. Il est reparti à Majicavo en criant “merci” au tribunal.

Y.D.

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139519
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139519
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139519
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139519
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139519
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139519
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...