L’annonce de la réduction drastique des budgets nationaux alloués aux contrats aidés avait soulevé d’émotion l’ensemble des collectivités, et particulièrement les ultramarines qui en sont particulièrement friandes. Le dispositif est incitatif puisque les salaires sont en partie pris en charge par l’État (jusqu’à 75% dans le secteur public).
Après l’annonce de leur suppression par le premier ministre, le sang des Martiniquais n’avait fait qu’un tour, et deux semaines de revendication avaient eu raison de la détermination gouvernementale. Un accord a été conclu sur le maintien du niveau 2016 du nombre de contrats aidés, qui dépassait les 3.000.
Un écho immédiat chez leurs voisins Guadeloupéens, qui avaient menacé de boycotter le lancement des Assises des Outre-mer, président du conseil régional en tête, Ary Chalus, soutien d’Emmanuel Macron lors des présidentielles, s’ils n’obtenaient pas eux-aussi un maintient des contrats à leur niveau de l’année précédente.
Menaces sur les Assisses
Une revendication que la ministre des Outre-mer a jugé légitime puisqu’Annick Girardin a annoncé une enveloppe de contrats aidés pour 2017 « dans les mêmes conditions que l’accord avec la Martinique afin de respecter le principe d’équité entre territoire ».
A La Réunion, même soulèvement ce lundi des députés et sénateurs, qui reconnaissent l’imperfection de la mesure, mais en demandent le maintien. Et menace également de boycotter les Assises. La Réunion, grande consommatrice ultramarine avec 26.100 contrats aidés pour 118 millions d’euros consommés, avait pointé la Cour des Comptes.
A Mayotte, on frémit à peine. L’Association des maires de Mayotte (AMM) a interpellé les 4 parlementaires sur ce sujet dans une note verbale pointant la menace que fait peser cette mesure sur la salubrité publique et l’encadrement des jeunes enfants. Toillal Abdourraquib, DGS de l’AMM, informe de leur démarche en cours : « Nous évaluons l’état des besoins pour chaque commune, pour chiffrer l’incidence financière totale et mener une action concertée de tous les élus ». Toutes les communes n’ont pas encore répondu. L’une d’elle songe à mener une action forte, et devrait rapidement le faire savoir.
Un verre au quart-plein
Du côté du Département, Le 4ème Vice-président Issa Issa Abdou a soutenu en commission permanente ce lundi, une motion relative au maintien des contrats aidés au niveau du département. Rien de contraignant, « c’est une base de travail, histoire de lancer le processus », nous explique-t-il.
La ministre Girardin en se référant à l’accord signé avec la Martinique, signifie que sera ultérieurement mis en place « un dispositif plus satisfaisant pour l’emploi durable des personnes concernées ». Le premier ministre Edouard Philippe avait en effet critiqué ce qu’il voit comme « des contrats précaires subventionnés par l’Etat donc le contribuable », pointant les seuls 25% d’insertion en emploi à l’issue des contrats aidés dans le secteur marchand, et 57 à 60% dans le secteur public.
S’il faut reconnaître que la formation est souvent inefficace voire absente, on peut quand même regarder ces pourcentages sous l’angle du verre au quart ou à moitié plein, et des recrutements qui ont permis de sortir des chômeurs de la précarité. Peut mieux faire, mais sans doute pas à recaler.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
Comments are closed.