Si les costumes, cravates, les robes et hauts talons étaient de sortie ce jeudi soir pour inaugurer la Maison de l’Entreprise, c’est que la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte (CCIM) qui la porte, a voulu prouver que, tel le Phoenix, elle avait su renaitre de ses cendres. « Je nous appelle ‘les 10’, à avoir su surmonter les écueils à la barre d’un navire qu’on ne maitrisait plus », rappelait Mohamed Ali Hamid, président de la CCIM au cours d’un long discours exorcisant le passé, « nous tournons le dos à l’ancien système de fonctionnement en silo ».
Le cap avait été donné par la tutelle de l’Etat, notamment le préfet Morsy, « nous n’avons pas eu honte de nous mettre autour de la table avec les services de l’Etat, le SGAR, la Dieccte, la DRFIP, dans une phase de renforcement de la tutelle qui a donné des résultats immédiats », lâchait le président Ali Hamid. Au cas où une autre chambre serait preneuse du conseil…
Un changement de gouvernance au Département, aussi, à l’entendre : « Les conseillers départementaux nous avaient dit ‘on va changer de braquet’, et en effet, je vois moins de folklore, moins de Sexion d’Assaut ! »… Une référence à l’ère Zaïdani.
CCI et CD unis pour cofinancer
Deux projets phare sont en effet menés à bien, l’Agence de développement économique et d’Innovation de Mayotte (ADIM), porté par le Département et hébergée dans la Maison de l’Entreprise et la Plateforme Initiative Mayotte portée par la CCI.
Une Maison financée par le Feder, avec cofinancement CCI-CD, grâce à une convention pluriannuelle. Elle va proposer tous les accompagnements aux chefs d’entreprise, « de la création », à l’agrandissement, notamment à l’international « en passant par l’innovation », complétait Ben Issa Ousseni, le président de l’ADIM, et 7ème VP du Département.
L’Agence a bénéficié de 309.000 euros de financement de fonctionnement de la part du CD, et 285.000 euros à l’investissement. « Nous allons proposer dans un même lieu tous les services adaptés à l’entreprise. Parce que seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin », résume Ben Issa Ousseni. Il se réjouissait de l’arrivée d’un directeur général à l’ADIM, Frantz Sabin, “on avait besoin de faire venir une compétence de l’extérieur, qu’on remerciera ensuite”… Facile !
Un « volontarisme »… à épauler par des moyens
Autre structure accompagnatrice qui marche, la Plateforme Initiative emploi, adhérente de la Plateforme nationale, dont le président Bourahima Ali Ousseni remettait sous les flashs 4 chèques de prêts d’honneur* aux entreprises, Maore Jet, spécialisée dans les sports nautiques, 20.000 euros, N’Gaza Tour, 9.800 euros, Mayotte signalisation, 15.000 euros, et Dagoni Services, qui a été agréé SAAD, Service d’accompagnement et d’Aides à domicile, 20.000 euros.
Sur l’économie, le président du CD avait son mot à dire, plusieurs mots même, puisque c’est une compétence que le conseil départemental a toujours exercée sans avoir de compensation de l’Etat. Et que depuis, lui et ses camarades élus ont demandé un toilettage institutionnel, pour décrasser les compétences et les mettre à jour. Rebelote donc sur ce chapitre, « nous voulons juste que l’on donne à Mayotte les moyens de son développement. »
Le préfet Frédéric Veau se réjouissait de cette « adresse unique » pour les chefs d’entreprise et « à proximité de l’hôtel consulaire », ce qui devrait épauler davantage l’économie de Mayotte « qui a déjà une grande capacité de résilience ». Une inauguration qui fait écho selon le représentant de l’Etat à la déclaration d’Emmanuel Macron dans son discours de Cayenne « qui demandait de ‘faire preuve d’un volontarisme extrême’ ».
Un cocktail était ensuite servi dès le ruban coupé.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Le prêt d’honneur est un prêt à taux zéro. Son rôle est de faire effet de levier pour faciliter l’accès aux prêts bancaires
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