30.9 C
Dzaoudzi
mercredi 30 octobre 2024
AccueilEducationEmploi et handicap "Il faut changer les mentalités"

Emploi et handicap “Il faut changer les mentalités”

Mohamed Moindjie, adjoint au maire de Mamoudzou
Mohamed Moindjie, adjoint au maire de Mamoudzou

Toute cette semaine, le handicap, et particulièrement l’accès à l’emploi des personnes handicapées est à l’honneur au niveau européen. “C’est une cause noble que nous devons défendre” assure Mohamed Moindjie, vice président du CCAS de Mamoudzou et adjoint au maire, dans les locaux de la MDPH, la maison départementale du handicap.
Une cause noble pour laquelle beaucoup reste à faire. Au niveau national, seuls un tiers des personnes handicapées a un emploi. Alors que l’Union Européenne ouvre actuellement sa 21e édition de la semaine de l’emploi des personnes handicapées, ce n’est que la 2e fois que ça a lieu à Mayotte. “Il est essentiel de montrer que Mayotte est dans l’Europe et que l’Europe est au côté de Mayotte” commente le directeur de la Dieccte Alain Gueydan. Il voit en la MDPH “la première étape de la reconnaissance sociale du handicap”, et du “parcours” vers l’emploi. C’est en effet cette structure adossée à l’ARS à Mamoudzou, qui est habilitée à accorder officiellement le statut de personne en situation de handicap, et d’évaluer ce handicap. Une démarche encore trop rare à Mayotte où “culturellement on cache le handicap” regrette Alain Gueydan. Un état de fait qui fausse totalement le taux de chômage des handicapés à Mayotte. Selon les chiffres officiels, il ne serait que de 2%. Un chiffre qui ne tient compte que des actifs ayant finalisé un dossier MDPH et étant inscrits à Pole-Emploi.
Avoir des chiffres fiables est “une des grandes difficultés que nous avons pour l’accès au droit, confirme El’Hadji Abdallah Djaha, directeur de la MDPH. Une partie de la population ne nous connaît pas. En 2016 on ne comptait officiellement que 250 personnes reconnues comme travailleurs handicapés, dont 80 avec un emploi et les autres, en demande d’emploi. On estime que 7000 personnes seraient éligibles aux aides de la loi de 2005 sur le handicap.”
Des demandes peu nombreuses (environ 5000 par an) par méconnaissance mais aussi par lourdeur administrative. “C’est un parcours qui est fait avec beaucoup d’obstacles, et qui se fait avec les associations”.
De plus, il faut impérativement un médecin pour valider la demande. “Il est impossible d’ouvrir un droit MDPH sans évaluation médicale. La difficulté, c’est que la MDPH n’a pas de médecin à Mayotte, c’est compliqué d’ouvrir des droits.”

Alain Gueydan avec un interprète en langue des signes
Alain Gueydan avec un interprète en langue des signes

“Aucune entreprise ne m’a répondu”

L’espoir pour la Maison du handicap, c’est un partenariat avec le CHM. “Depuis 2 mois, le préfet est en mesure de signer des décrets, l’idée, c’est une convention avec le CHM pour bénéficier de leur dispositif d’accueil des médecins. Aujourd’hui on n’a pas les moyens”. Un tel dispositif ne verrait pas le jour avant avril 2018.
Des difficultés administratives donc, mais aussi et surtout des soucis liés aux mentalités. “Le handicap n’est pas un défaut”, insiste le directeur de la Dieccte qui ajoute que des aides existent pour les employeurs recrutant une personne nécessitant des aménagements. Mais ceux-ci restent réticents.

“Le défi est énorme” juge Insya Daoudou conseillère départementale de Sada au sujet de l’insertion des personnes en situation de handicap. “Il faut changer les mentalités, les regards. Tous ont des compétences variées qui peuvent être valorisées au sein d’une entreprise ou d’une administration.”

Mahamoud Prince Faounia, formée comme agent d'accueil n'a pas de répondu du secteur privé.
Mahamoud Prince Faounia, formée comme agent d’accueil n’a pas de répondu du secteur privé.

C’est le cas de Mahamoud Prince Faounia. “J’ai postulé auprès de plusieurs entreprises, aucune ne m’a répondu”, déplore-t-elle. La jeune femme de 26 ans, aveugle, faisait une démonstration de saisie à la machine, en braille. “Je lis avec les doigts, le braille est très important pour les malvoyants” explique-elle en glissant à tâtons la feuille blanche dans le mécanisme. Actuellement en formation à l’ACE, elle aimerait trouver un job d’agent d’accueil. Face aux réticences des employeurs, sa grande crainte est de se retrouver coincée chez elle à l’issue de sa formation. “On a mal au cœur de rester chez nous à ne rien faire, j’ai peur de m’ennuyer après ma formation” commente-t-elle, désireuse de continuer sur sa dynamique professionnelle. Actuellement, seules des structures déjà sensibilisées comme la MDPH, l’Acfav (aide aux victimes) ou Touaoussi (désormais M’Lézi Maoré) l’ont accueillie en stage.

Actuellement, les entreprises de plus de 20 salariés sont tenues d’embaucher 2% de travailleurs handicapés à Mayotte contre 6% en métropole. Un seuil qui deviendra la règle dans le 101e département à compter du 1er janvier avec l’application du code du travail de droit commun, mais qui ne sera légalement à appliquer qu’en 2022. Un délai suffisant pour que les uns fassent leur demande de droits à la MDPH, et que les autres mettent leur entreprise en règle.

Y.D.

 

 

 

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...