Une communauté de communes, ou intercommunalité, regroupe comme son nom l’indique, plusieurs communes. Il y en a 4 à Mayotte et une communauté d’agglomération. Cette dernière, la Communauté d’Agglomération Dembéni-Mamoudzou, (CADEMA), est composée des communes de Mamoudzou et Dembéni, le 1ère intercommunalité, celle de Petite Terre, est composée de Dzaoudzi Labattoir et de Pamandzi, la Communauté de communes du Centre ouest de Mayotte comprend Mtsangamouji, Tsingoni, Ouangani, Chiconi et Sada, et celle du Sud, la plus récemment créées après des péripéties judiciaires, Bandrélé, Bouéni, Chirongui et Kani Kéli.
Nous avons profité de la présence d’Eugène Larcher, président de l’association Interco’ Outre-mer, pour aborder avec lui le douloureux sujet de l’Intercommunalité nord. Les communes de Mtsamboro, Acoua et Bandraboua, ne voulant pas du périmètre actuel intégrant Koungou dans leur giron, en particulier comme présidence de la structure : « C’est essentiellement un problème de gouvernance. Nous avons essayé de réconcilier les uns et les autres, mais sans succès. Nous espérons que le préfet les convoque pour qu’un consensus soit trouvé ».
C’est un peu à leur intention qu’il avait déclaré un peu plus tôt lors de son discours, « certains élus communaux pensent perdre leurs prérogatives. Ce qu’il faut bâtir, c’est une communauté de projets, et non une communauté d’intérêts ».
Décentraliser et économiser
Ce regroupement de communes a été rendu possible par la loi du 6 février 1992, mais renforcé par la loi NOTRe de Nouvelle Organisation Territoriale de la république du 7 août 2015. L’objectif est à la fois pour l’Etat de poursuivre la décentralisation vers les communes en proposant des compétences nouvelles mais aussi de faire des économies en réduisant le mille-feuille territorial aux intercommunalités, à qui on demande de mutualiser les dépenses.
Ce qu’expliquait Eugène Larcher : « Les dotations de l’Etat diminuent depuis 2 ans, nous, les communes, devons participer à l’effort national de redressement des finances publiques. Donc, on économise en mutualisant les méthodes de fonctionnement ».
Mais que nuançait le préfet Frédéric Veau qui évoquait « une meilleure visibilité sur les ressources er les dépenses, puisque ces dernières augmentaient constamment en fonctionnement, alors que les dépenses d’investissement diminuaient. »
L’échec du SMIAM plane au dessus des débats
Un sujet sur lequel le nouveau sénateur Mahorais Hassani Abdallah est à l’aise pour être le vice-président de Interco’ Outre-mer. Il va donner un coup de pied dans la fourmilière de l’ordre établi : « Mayotte connaît une pression continue, les grèves à répétition en sont un témoignage. La mutualisation est-elle une solution miracle ? Nous avons adopté l’idée de l’intercommunalité en 1979 par la création du Syndicat mixte d’investissement et d’aménagement de Mayotte, destiné notamment à la construction d’écoles. Et pourtant, il y a actuellement une pénurie de 200 salles de classe rien que sur la commune de Mamoudzou ! » « Attention ! Il ne faut pas le dire », criait depuis le public, le député Mansour Kamardine.
Cependant, la triste aventure du SMIAM est davantage liée à l’échec d’une gestion individuelle catastrophique que d’une remise en cause du modèle de coopération des établissements publics.
En matière de compétences nouvelles, elles seront abordées au cours de ces 5 journées mahoraise par l’ensemble des représentants des 5 DOM présents selon le programme prévu (voir ci-contre). Notamment celle du développement économique et du tourisme depuis cette année 2017, celle de gestion des milieux aquatiques et de prévention de inondations, à compter du 1er janvier 2018. Nous évoquerons dans un prochain article celle de l’eau et de l’assainissement qui devra être endossée en 2020, d’une actualité prégnante à Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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