Les procès se suivent et se ressemblent. Mais témoignent de l’intensité du travail en mer des agents de la PAF et de la gendarmerie.
Ce lundi après-midi, trois passeurs étaient présentés au tribunal correctionnel en comparution immédiate.
Nous nous sommes intéressés au plus jeunes, à peine 18 ans selon ses déclarations. Lui a été interpellé lundi au large de Petite Terre à la barre de son kwassa, une barque artisanale de 6 mètres avec 10 personnes à son bord, dont un enfant de 4 ans. Posé, calme, presque timide à la barre, il tranche avec d’autres passeurs plus véhéments, cyniques ou hypocrites. Lui reconnaît simplement les faits. De même qu’il s’est simplement laissé attraper en voyant l’embarcation de la PAF, stoppant son moteur et laissant les policiers l’interpeller.
“Mon père est malade, il est aveugle, j’avais besoin d’argent” explique le garçon à la barre. Il affirme qu’il devait toucher 200€ pour ce voyage d’Anjouan à Mayotte. Un des passagers explique quant à lui en avoir payé 500.
Déjà condamné en juin dernier à du sursis pour des faits similaires, il amenait alors son père malade à Mayotte, il échappe à l’état de récidive légale car, absent lors du procès, il n’a été informé que ce dimanche de sa condamnation.
C’est donc en primodélinquant qu’il affirme n’avoir “pas pensé” aux risques qu’il faisait prendre à ses passagers. Il demande une deuxième chance. Le président lui rappelle qu’il en a déjà eu une.
La procureure étrille la stratégie de la naïveté du prévenu. “Il dit qu’il n’a pas pensé aux dangers, je n’y crois pas. On a repêché 3 enfants, ces infos vont jusqu’aux Comores où les gens parlent de ces naufrages. Et cinq mois après il revient sur un autre bateau. Elle requiert cette fois un an ferme et 1000€ d’amende, pour s’assurer qu’il ne puisse pas envoyer d’argent aux Comores.
L’avocat Fatih Rahmani tente de faire valoir le casier vierge de son client, et son attitude lors de l’interpellation. Il tente aussi de faire annuler le procès, la garde à vue n’ayant été notifiée qu’une fois sur la terre ferme, et le parquet n’ayant été informé que deux heures après l’interpellation.
Ces requêtes en nullité ont finalement été rejetées, et le prévenu a écopé de 6 mois de prison dont 4 assortis du sursis. Il part donc pour deux mois à Majicavo et aura interdiction définitive de revenir en France. Il devra en outre s’acquitter de 300€ d’amende.
Quant aux deux autres pilotes de kwassa jugés dans la foulée, ils récoltent respectivement 6 mois avec sursis et reconduite immédiate à la frontière avec interdiction de territoire de 3 ans, et pour la troisième, 7 mois de prison ferme plus 3 mois de révocation d’un sursis antérieur, soit 10 mois d’emprisonnement. Lui aussi aura interdiction à vie de revenir sur le territoire.
Y.D.
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