L’opération multipartenariale menée ce mercredi matin à 7h est une réponse aux violences urbaines qui ont émaillé le quartier ces derniers jours, notamment les agressions contre les policiers qui ont subi des caillassages la semaine dernière, « mais cela concourt aussi à prévenir les violences scolaires car souvent les agressions sont le fait de personnes étrangères à l’établissement et qui sont déscolarisées », explique le commandant Stéphane Demeusy, Directeur adjoint de la Sécurité publique.
Il est positionné à Bandrajou, entre les deux lycées de Kawéni, où une opération de contrôle d’identité est en cours, « une dizaine de personnes ont été interpellées car en situation irrégulière. Nous allons les confier à la Police aux Frontières. »
Si des opérations ont déjà été menées sur ces quartiers, c’est la première d’une telle envergure. Une action du Bureau Partenariat prévention qui a mis sur le terrain 50 policiers, 25 de la Sécurité publique (GAO, BAC et BOP*), 12 de la PAF, et 10 policiers municipaux. « L’objectif est de montrer qu’il n’y a pas de zone de non droit, que ce soit pour nous, police nationale, ou pour la police municipale ».
Des chiens en urgence sanitaire
Une collaboration est mise en place avec la mairie pour lutter contre les chenils clandestins et la prolifération des chiens errants « utilisés pour terroriser la population lors des cambriolages », et récupérer les containers « qui sont utilisés comme squat par les délinquants qui y stockent les objets volés ».
Justement, ces deux opérations sont menées beaucoup plus haut, sur Mangatélé. Nous cheminons à travers les bangas en tôles, sur un sentier consolidé par des pneus ajustés les uns aux autres, des ruelles partent à droite et à gauche, laissant deviner des quartiers entiers de logements insalubres.
Derrière une plantation de bananiers, l’association Gueule d’amour encadrée de policiers, tente de capturer des chiens élevés par les jeunes du coin, « pour leur besoins personnel, la chienne a une vulve dans un sale état », constate son directeur. En écho, un policier demande « d’amener d’urgence la chienne à un vétérinaire »… Nous sommes dans le quartier qui a inspiré “Tropiques de la violence” à Natacha Appanah.
Un chantier freiné par les déchets
Sur le grand espace pentu de Mangatelé, sur le lieu même où avait été diffusé le film tourné sur le quartier, on pourrait croire qu’il a neigé des déchets. Le toit d’un container rongé par la rouille est détourné en salon où des jeunes se retrouvent le soir, et squattent aussi la terrasse de la maison la plus proche, en compagnie de leurs chiens, le cauchemar du propriétaire des lieux.
La route qui y mène est en cours de réfection dans le cadre de la rénovation NPRU du quartier. Le chef de chantier est désabusé : « Tous les matins, je passe plusieurs heures avec mes gars à nettoyer le site avant même de commencer les travaux ! »
Pendant ce temps le camion commandé par la police municipale s’active à retirer le container, rempli de déchets. A quand le nettoyage complet et régulier du site par la mairie ? Une action de ramassage manuel de ces zones inaccessibles aux véhicules avait été programmée. Reste à savoir comment faire passer le message pour lutter contre le laisser aller des occupants des cases en hauteur, qui comptent sur la pluie pour collecter leurs déchets…
Le bilan de l’opération est satisfaisant pour la police qui voulait reprendre possession des sites laissés aux bandes de jeunes, communication à l’appui, et même si elle n’est que momentanée, « mais nous réitèrerons », indique le capitaine Cosseron. Il informe de l’interpellation de 27 étrangers en situation irrégulière, 15 chiens « maltraités » et élevés « aux fins d’attaque ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* GAO : Groupe d’Appui Opérationnel
BAC : Brigade anti criminalité
BOPS : Brigade de l’Ordre Public
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