Le Rapport Défenseur droits 20 nov 2017 publié en cette Journée mondiale des droits de l’enfance, souligne qu’à Mayotte, « l’un des principaux obstacles à l’accès aux soins des populations est celui du manque de personnel soignant ». Interviewé par nos confrères d’Outre-mer 1ère, Jacques Toubon rappelle que plusieurs missions du défenseur des droits se sont rendues à Mayotte depuis 2 ans pour étudier la situation qui est le fait « de la pression démographique, de la pauvreté et des difficultés de logements ».
Evoquant une situation évidemment non conforme à celle des enfants métropolitains, il rappelle que « tous les enfants ne vont pas à l’école », et que la prise en charge de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) est trop insuffisante, « malgré les efforts de la nouvelle majorité départementale, nous sommes loin du compte ». La santé et les « embouteillages dans les hôpitaux », la scolarisation insuffisante « pour laquelle il faut un plan particulier ». S’il se dit « pas désespéré », Jacques Toubon appelle à « mettre le paquet ».
Des constats du Défenseur des droits qui se suivent et se ressemblent sans pour autant faire bouger diamétralement les lignes, « mais ils permettent de faire des constats utiles pour faire évoluer les choses », juge Philippe Peytour, DGA chargé du Pôle Enfance Famille et prévention au Département.
Discours en plein cagnard
« Mettre le paquet », on ne peut pas dire que ce soit dans cet esprit qu’a été organisé la Journée de l’enfance à Koungou. Sous un soleil de plomb, la place de La Poste n’ayant pas été recouverte de barnums, les quelques chaises existantes se serraient sur les côté à l’ombre, et le pupitre des élus a du être abrité au dernier moment, dans un amateurisme parfait, dont conseil départemental et mairie se renvoyaient la responsabilité. Les organisateurs ont par ailleurs attendus trois quarts d’heure l’arrivée d’un représentant de la préfecture, qui n’est jamais venu.
En revanche, l’animation était au rendez-vous, les stands ont bien été dressés sur le plateau sportif, où se sont rendus les élèves des écoles accompagnés d’enseignants. Ils ont pu apprendre les gestes domestiques dangereux, et entendre parler de leurs droits.
En matière de prise en charge des enfants par le conseil départemental, notamment de ceux qui sont placés, Issa Issa Abdou, le 4ème vice-président chargé de l’Action sociale et de la santé, rappelait que la compensation de l’Etat au titre de l’Aide sociale à l’enfance venait d’être versée, et que la restructuration du conseil départemental avait permis de dégager une DGA exclusivement consacrée à l’enfance.
La moitié des signalements pris en compte
La question est de savoir s’il y a eu amélioration dans la prise en charge des enfants en souffrance. Pour mémoire, le précédent procureur Joël Garrigue, avait déploré que les signalements pour maltraitance soient déclarés exclusivement par l’Education nationale et peu pris en compte.
Nous avons interrogé le directeur de l’ASE, Antoissi Abdou-Lihariti : « Nous avons recensé environ 1.000 informations préoccupantes en 2016, par l’Education nationale, le CHM ou les associations », et sur le traitement, il avouait que « seulement la moitié environ sont prises en compte, en raison de l’insuffisance du nombre de travailleurs sociaux. Nous en comptons 3 quand il en faudrait 10 ». Bonne nouvelle, l’appel à candidatures sur 16 postes a été publiée, avec clôture le 24 novembre. » Nous referons un point sur la politique en cours dans ce domaine.
« On est de son enfance comme on est d’un pays », concluait Issa Abdou, citant Antoine de Saint-Exupery. Et le rôle des adultes est de rendre cette construction identitaire la plus heureuse possible, à commencer par les parents, « vous êtes le 1er chaînon auquel le conseil départemental ne peut se substituer ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
Comments are closed.