Plus de 300 personnes étaient de nouveau réunies ce matin place de la République, avant de se mettre en marche vers le CHM, puis de redescendre. Un cortège qui s’est déroulé dans le calme, les organisateurs ayant tenu à éviter tout débordement. “Je ne veux pas de bavure aujourd’hui, le préfet s’appuie dessus pour nous diviser”, explique Anli Rigotard de la CFDT, alors qu’il empêche des manifestants de s’arrêter devant le centre Jacaranda. Il a aussi, dès le départ du cortège, dissuadé toute action vers la préfecture. “Là le service des régularisations est plus que sécurisé, c’est un mur. Notre but aujourd’hui c’est de sensibiliser, on attend des résultats en retour.”
Des résultats qui pourraient venir des élus locaux, maires et conseillers départementaux, approchés par le Collectif. Une dizaine d’entre eux, dont les maires d’Acoua, M’Tsamboro, Sada, Tsingoni et Chirongui se sont retrouvés au Conseil départemental pour une “réunion d’urgence”. Il s’agissait de définir la réponse à apporter aux manifestants.
“Si on ne réagit pas, ça va dégénérer et on va se retrouver dans la même situation qu’en 2016, on a une semaine de retard, il est temps de réagir compte tenu de la tournure des événements, prévient Anchya Bamana, maire de Sada qui a passé l’appel à cette rencontre avec sa collègue Raissa Andhum, conseillère départementale de Koungou. “La situation d’insécurité nécessite des actions immédiates, Mayotte est devenu un territoire dangereux” affirme cette dernière.
Toutes deux ont rédigé une motion destinée au Président de la République Emmanuel Macron, qu’elles souhaitaient voir cosignée par leurs homologues.
Il a finalement été décidé d’attendre une réunion prévue ce mardi avec les grévistes, pour leur permettre d’amender le texte, et de fournir au gouvernement une mouture la plus représentative des revendications. “Il faut mettre sur le papier une plate-forme de revendications commune, complète et cohérente” plaide le président du CD Ibrahim Soibahadine.
“Agir avec pragmatisme”
En attendant, “il faut être avec les grévistes, recommande Issa Issa Abdou. En Guyane, les 500 frères ont eu ce qu’ils voulaient pour deux raisons : ils savaient ce qu’ils voulaient, c’était écrit noir sur blanc, et le président de l’association des maires a mené la fronde. Il ne faut pas négliger l’image, on doit être devant les grévistes.”
Une position qui fait débat. “Aller dans le popularisme (sic) juste pour faire plaisir, ce n’est pas aller dans le sens du mouvement” estime le maire de Tsingoni. Il faut s’asseoir autour de la table. Si chacun avait balayé dans sa cour ou lieu de critiquer l’Etat, Mayotte serait propre.”
Une position amenée par la maire de Chirongui Roukia Hanima Ibrahima. “Le travail d’un élu et celui d’un syndicalisme n’est pas le même. A nous d’agir avec pragmatisme pour avoir un dialogue réel avec le gouvernement tout en rassurant la population. Il ne s’agit pas de crier avec la population mais de travailler sur le fond, sinon dans 4 mois on aura les mêmes problèmes. Il faut qu’on aille tous à Paris avec un vrai projet, et que chacun paye son billet ! ”
“Notre place n’est pas dans les manifs” abonde Nomani Ousseni, conseiller départemental de Sada. “Nous ne sommes que 10 sur un sujet aussi important et nous n’arrivons déjà pas à nous mettre d’accord” pointe-t-il, regrettant que si peu d’élus aient répondu présents.
Certains élus ayant subi des pressions, voire du chantage de la part de membres du collectif pour les inciter à se joindre à eux, ces derniers se sont séparés avec l’idée générale que chacun puisse se joindre aux manifestations de manière personnelle, sans contrainte. En attendant donc la réunion de ce mardi “si l’intersyndicale la maintient”, conclut le président du Conseil Départemental.
Y.D.
Manifestations : les élus locaux veulent interpeller le gouvernement
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