Les élections du Medef Mayotte se sont déroulées dans un climat plus apaisé qu’il y a quelques mois. Le patron des patrons Mahorais Thierry Galarme, à la tête de l’agence de communication Luvi Ogilvy, cumulait alors avec la présidence de Medetram (la Médecine du travail), celle d’Action logement (Accès au logement des familles à revenu modeste), et l’ancien président du Medef Michel Taillefer pointait les « éventuelles tentations de favoriser pécuniairement (ses) affaires au détriment de l’intérêt général ».
S’en étaient suivi de vifs échanges entre lui et la challenger au poste de présidente du Medef, Carla Baltus, également vice-présidente de Medetram. En annonçant il y a quelques semaines qu’il ne se présenterait pas à sa propre succession « pour préserver l’unité du mouvement », Thierry Galarme avait contribué à apaiser la situation. Et à dérouler un début de tapis rouge à Carla Baltus. Et c’est une victoire écrasante qu’elle finissait par remporter ce mardi à 18h dans les locaux du centre d’Affaire à Kawéni, puisqu’elle était élue par 46 voix sur 46, traduisant un ralliement unanime des patrons derrière la crinière brune de la guyanaise.
Ce fut la soirée des bilans pour Thierry Galarme, moral, d’activité et, plus discuté, financier. Carla Baltus l’emporte avec ses 13 colistiers, dont l’entreprise Total Mayotte, Sodifram, SMAE, Groupama, MIM et sa société MVT, Mahorais Voyage Tourisme.
Petit Medef deviendra grand
C’est une self-made-woman qui prend les rênes du syndicat patronal. Arrivée en 1996 à Mayotte, elle décide d’investir dans un domaine en déficit d’offre, le transport collectif. Toutes ses économies seront investies dans ce qui deviendra Carla Mayotte Transports Baltus. Elle qui a passé tous les permis exigés dans ce secteur, sait ce qu’est la formation. Elle crée Maoré Atout Formation, spécialisé dans le transport et la logistique pour maintenir le niveau de ses soixante-dix salariés, et l’auto-école Fast line, qui a été le premier à acquérir en 2014 un simulateur de conduite nouvelle génération. Dernière initiative en date sous sa férule : la naissance d’un centre zen de réflexologie, à l’hôtel Australes à Hajangua.
Sa première action de présidente du Medef Mayotte sera d’accroitre la représentativité du syndicat, « nous ne sommes que 65 adhérents », et confie qu’en 2 jours, 10 sont venus rejoindre les rangs.
Elle s’attaquera ensuite à tous les chantiers liés à l’application du Code du travail de droit commun, « notamment sur l’alignement social et fiscal, et l’anticipation des montées en charge avec mise en place d’un accompagnement adapté ». Les retraites complémentaires, la santé au travail, les mutuelles, les Prud’hommes, la Caisse des congés payés dans le BTP, autant d’attentes de la part des habitants de l’île.
« Madame Carla » veut de la transparence
La reprise des combats de son prédécesseur, donc ? Pas tout à fait. « A la zone franche globale, je préfère l’élargissement de la zone franche d’activité, dont bénéficient déjà plusieurs secteurs professionnels à Mayotte. »
Il va falloir se colleter aussi à l’application des Conventions collectives qui découlent du Code du travail, « à mettre en place dans les 6 mois ».
Les autres axes de travail découlent de l’essence même d’un Medef : « Aider les entreprises à mieux mobiliser les fonds européens, les accompagner face aux crises qu’elles traversent, poursuivre l’amélioration du dialogue social, et le tout, avec beaucoup de transparence ! » Son prédécesseur lui a proposé de l’accompagner sur ces missions, « et j’ai accepté ».
Mais avant tout, celle qui est devenue une femme d’affaire veut remettre en valeur l’entreprenariat, « sans trop le médiatiser, nous accompagnons la société, notamment les associations. »
Dix ans que « madame Carla », comme l’appellent ses employés, est adhérente du Medef, une maison qu’elle connaît bien, « et nous devons nous préparer à de prochaines élections, à Medetram, à Opcalia, à Pôle emploi, etc. » Sur sa route, pas de doute, il y a du move…
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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