Les moyens humains et financiers du Parc étaient, jusqu’à fin 2016, abondés par l’Agence des Aires Marines protégées. Changement de configuration au 1er janvier 2017, où il y a eu fusion et regroupement de compétence de plusieurs organismes pour créer l’Agence française pour la biodiversité. Induisant des retards importants dans la mise en œuvre des projets, « je n’ai obtenu que tardivement la délégation de signature, et encore, c’est sur des montants beaucoup plus faibles qu’avant. Nous devons attendre que les gros dossiers soient validés par l’Agence », explique Cécile Perron, directrice du Parc Naturel Marin.
De ce fait, le budget alloué n’a pas pu être intégralement consommé, « en raison des délais de signature des contrats et de passation marchés ». Il s’élevait à 1,4 million d’euros en fonctionnement pour 2017, hors masse salariale, « nous restons le Parc Naturel Marin le mieux doté du pays ». Les engagements effectués en 2017 s’élèvent à 85% du budget.
D’importants retards dans le paiement des factures ont également eu des répercussions négatives sur le fonctionnement du Parc, « du 11 janvier au 20 février, nous n’avons pu faire le plein de carburant de nos bateaux, Total avançant légitimement des factures impayées », relève la directrice du Parc. Même chose pour les factures de téléphone.
Poursuite de la jachère sur le poulpe
« L’Agence française pour la Biodiversité se mobilise pour résorber ces retards mais leurs conséquences seront importantes du point de vue budgétaire puisque que 630.000 euros restent à payer en 2018 sur des engagements antérieurs, dont la majeure partie correspond à des paiements qui auraient dû être effectués en 2017 et qui vont grever anormalement les crédits disponibles en 2018. »
Pourtant, le programme d’actions du PNM pour 2018 est conséquent. On retrouve des actions pluriannuelles déjà engagées, telles que les suivis des tortues marines, dugongs, holothuries, récifs coralliens, herbiers, la veille des pullulations d’acanthaster, le suivi des poissons commerciaux de récif, la collecte des données de pêche aux points de débarquement, l’accompagnement dans la mise en place de zones de fermeture de la pêche à pied pour le renouvellement du poulpe, l’observatoire des oiseaux côtiers animé par le Gepomay, le suivi de la qualité des eaux du lagon, l’observatoire des macro-déchets, le déploiement d’un tabouret de masque de beauté autre que le corail (porites) ou encore, l’installation de panneaux et expositions de sensibilisation et de communication sur les barges et à l’aéroport.
Une carte des courants
De nouvelles actions sont à souligner : le lancement de l’élaboration d’un modèle de courantologie du lagon (mouvement des courants) « permettant d’aider à la décision lors d’aménagements ou d’évènements affectant le lagon », l’appui à la cartographie des habitats récifaux de Mayotte (CUFR) ou l’étude sur les effets du changement climatique (IRD), le renouvellement du parc de dispositifs de concentration de poissons (DCP) ancrés autour de l’île, l’élaboration d’un diagnostic économique de la filière pêche professionnelle à Mayotte avec des étudiants de l’école d’ingénieurs ISTOM, la mise en place de la marque collective HQWW pour encadrer l’observation des mammifères marins à Mayotte en labellisant les opérateurs volontaires, la valorisation de l’inventaire des épaves avec le DRASSM, l’accompagnement dans la mise en place de sentiers sous-marins pédagogiques, le lancement d’un marché pour la conception d’une pirogue éco-conçue pour générer de l’activité économique (pêcheurs locaux, particuliers, écoles de voile…).
Fin 2017, 37 % des 68 indicateurs d’action sont finalisés ou en cours, plus de 50% ont été initiés ou sont en cours de construction. « Concernant les 8 indicateurs qui n’ont pas été engagés, les trois quarts sont en priorité secondaire », indique le rapport de gestion, il s’agit pourtant de « la formation des marins pêcheurs », ainsi que celle portant sur le milieu marin, quant au « niveau d’emploi en aquaculture », on comprend les freins au regard du contexte sinistré de la filière.
Notamment à la suite de la démission de la président Bichara Bouhari Payet, des élections se tiendront lors de la prochaine séance du 21 mars 2018,
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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