« C’est de la mauvaise foi ! », s’exclame l’élu qui renvoie au point que nous avions fait ensemble et dans lequel il annonçait que 800 mineurs isolés seraient pris en charge en 2018. « Tout d’abord, la ministre ne maîtrise pas ses chiffres, puisque ce sont 62 millions d’euros et non 36 qui nous ont été intégralement versés, et par celle qui l’a précédé à ce poste. Nous sommes à un taux d’exécution de 70% ce qui nous avait valu les félicitations du ministère des Outre-mer, et l’engagement de débloquer dans la foulée 120 millions d’euros pour les PMI, que nous n’avons pas encore d’ailleurs ».
Issa Abdou rappelle que ces sommes versées par l’Etat sont des compensations et un rattrapage de l’absence de prise en charge depuis 2009, « nous aurions pu les allouer où bon nous semblait, mais nous ne l’avons pas fait, le secteur est en grand besoin. »
Il explique rendre visite au ministère des Outre-mer « à chaque fois que je vais à Paris, alors que rien ne m’y oblige, mais j’estime que cela fait l’objet du suivi de la convention que nous avons signé avec eux. C’est à chaque fois l’occasion de faire le point avec son directeur de cabinet, Dominique Sorain, et Gaëlle Nerbard, sa conseillère chargée des affaires sociales. Je m’interroge du coup sur la communication au sein de son ministère ! »
Fermer les vannes
Sur le bilan, et une fois passée l’inertie liée la mise en place de l’organigramme, des recrutements « massifs » ont eu lieu, en travailleurs sociaux : « Avant de recevoir la compensation, moins d’une centaine d’enfants étaient pris en charge. En montant le dispositif à 100 familles d’accueil, qui prennent chacune en charge, par dérogation, 4 enfants chacune au lieu de trois, nous avons placé 400 mineurs, auxquels il faut rajouter les 400 mesures de l’AMO, l’Aide en milieu ouvert (qui apporte une aide préventive aux jeunes dans leur milieu habituel de vie, ndlr) et les Tiers Digne de Confiance, nous arrivons à 1.000 mineurs pris en charge. » Tout ne fonctionne pas encore correctement, mais le cadre semble donné.
Une étude avait évaluée à 3.000 le nombre de mineurs, « il en reste encore 2.000 dans la nature, mais c’est indécent de critiquer quand sa mission régalienne est justement de stopper le flux migratoire, répond Issa Abdou, il faut d’urgence que l’Etat ferme les vannes et applique ici la circulaire Taubira qui permet de confier à d’autres départements des mineurs en trop grand nombre. Jean-Luc Mélenchon n’a pas dit autre chose à l’Assemblée nationale en demandant que 4.000 à 5.000 mineurs soient pris en charge dans les structures métropolitaines. Car tous les jours ici, des parents sont expulsés en laissant leurs enfants ».
Sur ce sujet justement, il en appelle de nouveau à l’Etat, « l’intérêt supérieur de l’enfant c’est de retrouver sa famille biologique, or elle n’est pas à Mayotte. L’Etat a son rôle à jouer là encore. J’espère donc que la ministre va venir car je souhaite lui dire tout cela de vive voix ».
Un mécontentement qui va se matérialiser par un clash, « à la suite de ces propos désobligeants, le président Soibahadine a décidé d’annuler notre présence au compte-rendu des Assises des Outre-mer le 19 mars à Paris. »
Nous venons d’apprendre qu’Issa Abdou est co-signataire d’un courrier d’ouverture, favorable à l’accueil de la ministre des Outre-mer.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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