Tout le monde parle de ligne commune, mais personne n’est d’accord avec la ligne affichée. C’est en une phrase une manière de résumer ce mouvement qui devient de plus en plus confus au fur et à mesure que le temps passe.
Alors que ce vendredi soir, élus et intersyndicale évoquaient justement un “consensus”, ce samedi matin, les élus, du moins ceux qui ont pu franchir les barrages, se sont réunis au conseil départemental pour une conférence de presse lors de laquelle ils annoncent se distancer des collectifs citoyens.
“La position qui est la nôtre, explique le président Soibahadine, c’est que nous, élus, avons décidé de reprendre la main. Car nous avons le sentiment d’une impasse. La responsabilité des élus, c’est l’intérêt supérieur du pays qui la commande. Il s’agit aussi de respecter la parole donnée, poursuit-il en référence aux négociations de mardi avec la ministre Girardin. “13 points sur 15 ont été actés, il s’agissait de mesures d’urgence à prendre tout de suite par l’Etat pour assurer la sécurité et stopper le mouvement migratoire clandestin. Nous voyons un début de mise en oeuvre par l’Etat qui a demandé un mois de confiance. Nous avons de grosses opérations (de gendarmerie) engagées à La Vigie, dans le nord et dans le centre. Tout laisse à penser que l’Etat met en oeuvre ce pour quoi il s’est engagé.”
En outre, le président du CD affirme sa volonté de travailler avec les trois émissaires du ministère “sur des questions concernant le développement économique, social et culturel du pays. Ce travail commencera bientôt. Nous reprendrons la main sur la procédure, le calendrier et le plan”.
Surtout, le président affirme que chez les élus (sous-entendant que ce n’est pas le cas des collectifs citoyens), il y a “un consensus, il y a une unité, il y a une seule personne qui s’exprimera en public”. C’est le vice-président de l’association des maires, et maire de Tsingoni Bacar Mohamed qui assurera ce rôle de porte-parole du “Comité de coordination des élus de Mayotte pour la défense des intérêts de Mayotte”. Bacar Mohamed qui agira “en bulldozer sur les barrages, pas pour détruire mais pour expliquer” conclut le président avant de lui laisser la parole.
“Chacun son rôle”
Bacar Mohamed explique que les élus réunis ont établi une motion commune. Cette motion réclame en premier lieu la poursuite des opérations de police et de gendarmerie engagées cette semaine et réaffirme le souhait de travailler avec le gouvernement.
Interrogés sur la position des élus quant à la tenue des élections, un long silence se fait. “Nous avons attiré l’attention du préfet sur le contexte actuel et avons demandé le report pour raisons de sécurité. Personne ne garantit que ces élections se dérouleront dans de bonnes conditions. Depuis le début il y a un déni de démocratie puisque les candidats n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer. Il faudrait que le gouvernement prenne cela en considération. Si l’Etat s’engage à les organiser quand même, au moins les élus se seront exprimés”.
Un point sur lequel le maire de Mamoudzou Mohamed Majani se distingue, brisant de facto la belle unité affichée par les élus et leur comité. “Je fais partie des élus qui organiseront l’élection, c’est une question de responsabilité personnelle en tant qu’agent de l’Etat. Je dois effectuer les missions de l’Etat.” Interrogé sur l’éventuel recours à la force pour assurer cette bonne tenue du scrutin, le maire renvoie chacun à son rôle. “J’organise (le scrutin), il appartient à l’Etat d’organiser la sécurité.”
Concernant les barrages enfin, les élus par la voix de Bacar Mohamed restent confus. “Pour ce qui est des barrages, il ne faut pas confondre les missions des uns et des autres. C’est l’intersyndicale et les collectifs qui gèrent le mouvement”. Toutefois poursuit Soibahadine Ibrahim Ramadani, “notre opinion c’est que l’esprit de suspension de la grève créerait de meilleures conditions. La suspension pendant la durée du mois demandé nous parait une condition meilleure pour la lutte contre l’insécurité” et de rappeler la “répartition des rôles, on ne peut que souhaiter”.
Force est de constater que chacun dans son rôle se trouve restreint par le rôle officiel ou autoproclamé des autres. Les maires ont le devoir d’organiser le scrutin mais en demandent le report en raison des barrages. L’Etat est responsable du respect de la libre circulation sur le territoire, mais souligne dans un communiqué son impuissance face aux mêmes barrages. Il en résulte une multitude de positions contradictoires qui sème le doute sur l’organisation de la journée électorale de ce dimanche. Entre déni de démocratie et aveu de faiblesse de la République, le “mois de confiance” acté mardi s’engage bien comme une “semaine de la défiance”.
Y.D.
Grève, élections, les élus "prennent la main" sur les négociations.
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