N’écoutez pas les bruits qui courent, et malgré les envies qu’ont beaucoup d’habitants d’une levée de ces blocages après plus de 4 semaines de marche à pied, en demandant d’autres formes d’actions qui ne pénalisent pas la population, la mobilisation continue. La population reste unanime sur le fond du mouvement.
Un « règlement intérieur des barrages » vient même d’être adopté. Certainement en réponse au risque sanitaire majeur que vivent malades et soignants, et aux demandes des patrons rencontrés hier.
Le règlement précise qu’ils sont « étanches », avec pas mal d’exception à ce côté hermétique, « les véhicules de secours (pompiers, police, gendarmerie) et sanitaires (SMUR, ambulances, VSL, livraison médicament), la presse ainsi que les professionnels de santé libéraux ». «Les agents du CHM qui sont assignés peuvent passer à pied ». Dur, dur, quand on connaît leurs conditions actuelles de travail.
La fermeture vise les véhicules, « et parfois même aux piétons », mais ce seront des décisions ciblées, indiquent les leaders sans plus de précisions. Des informations et des réactions sur le Facebook de la mobilisation.
A 13h, ravitaillement
Une décision importante a été prise ce jeudi : « Les barrages seront ouverts aux véhicules de livraison et de ravitaillement dès ce vendredi à 13h et samedi », indique Fatihou Ibrahime. Pas de position ferme des différents leaders que nous avons contactés pour la journée de 2ème tour d’élection législative dimanche.
L’actualité sur les barrages, c’était la claque de l’Etat Comorien au gouvernement français. Il met en évidence les failles diplomatiques qui, faute d’avoir été comblées, se muent en tranchées. « C’est la démonstration que nous devons nous méfier d’une apparente prise en charge des problèmes qui ne l’est pas en profondeur », estiment les leaders de l’intersyndicale qui ont publié un communiqué assassin sur une « France mise à genou par l’Etat comorien » (com press mesures insuffisantes). De l’avis de certains, cette actualité a raffermi les positions.
Des réunions ciblant « les clandestins »
Une colère sourde est en train de monter parmi la population contre cette position du gouvernement Comorien de ne pas accueillir les personnes expulsées. Des réunions, pour l’instant en marge de la mobilisation, ont été organisées dans plusieurs villages, « pour manifester notre refus du retour des clandestins et nous préparer à la réponse adéquate », interpellait un message qui circulait notamment sur Sada et sur Kani Keli. Dans ce village, une rencontre est annoncée pour ce vendredi matin, « concernant les clandestins qui sont déjà, et ceux qui sont arrivés dans la commune », indique un autre message. Attention au dérapage, des conflits communautaires sont sans doute l’objectif recherché de l’autre côté de l’archipel.
Dans leur communiqué de réaction à la position comorienne et aux insuffisances des engagements de la ministre, l’intersyndicale et le collectif lancent un appel à la population « de redoubler leur vigilance, de se positionner sur les barrages et de se préparer à une action imminente sur Mamoudzou ». Difficile de savoir quand sera menée cette opération, vraisemblablement pas vendredi « en raison des barrages », nous expliquait un leader qui évoquait « une forte probabilité pour lundi ».
Pendant ce temps, quasiment rien ne bouge, ni les habitants, bloqués par les barrages, ni les navires de la SGTM, bloqués par les Comores, ni le gouvernement*…
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Lignes écrites avant l’arrivée du courrier du premier ministre
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