Les polémiques sont-elles toujours stériles ? Oui si l’on en croit cet évitement permanent du président du Département, dès que des attaques se font jour. Et elles furent nombreuses ce vendredi de vote du budget primitif qui doit donner l’orientation du Département sur l’année 2018. Avec de bons résultats annoncés sur 2017.
Après lecture du compte de gestion, et l’annonce d’un excédent de 44 millions d’euros , la première critique venait du Conseil Economique et social, qui rendait son avis, après avoir été saisi par le Conseil départemental. Il reproche un « manque d’ambition » aux orientations budgétaires, et alors même, « que le budget primitif 2018 s’inscrit dans un contexte d’amélioration de la situation financière. » Ainsi qu’une approche faite de « considération comptables et de réajustement organisationnel ».
En clair, le CESEM reproche aux conseillers départementaux de ne penser qu’à l’amélioration de la situation financière, et pas assez à sa population qui demande « des mesures urgentes de soutien aux acteurs économiques », comme les fonds de garantie, dans la conjoncture actuelle, ou de « relance économique en général ».
Et alors que le budget d’investissement est prévu à hauteur de 129 millions d’euros pour 2018, le CESEM donne une piste judicieuse pour utiliser les 70% de fonds propres : profiter de cette liquidité pour lever les fonds du Contrat de projet Etat-région (CPER) ou sur les fonds européens. Surtout que dans ce domaine l’année 2017 semble décevante, puisque le Compte d’administratif fait état d’un « sous-investissement » dans ces opérations cofinancées avec l’Etat sur des projets pourtant structurants pour le territoire, faisant craindre une non consommation des fonds disponibles.
Le CESEM avise dans le vide
Pour ne pas se retrouver dans la même condition du précédent CPER avec, en phase terminale, une déficience du conseil départemental, obérant des réalisations comme la mise en place de l’assainissement, le CESEM appelle à « renégocier » ce Contrat de projet. Pas facile ceci dit, étant donné qu’il a été élaboré avec les mêmes axes que les fonds européens. Mais certaines des préconisations du CESEM sont à retenir : dresser un état de la consommation du CPER à ce jour, poste par poste, analyser les difficultés rencontrées et mettre en évidence l’ingénierie nécessaire, « et notamment faire appel à l’expertise de la Chambre des Dépôts et consignations, cibler le foncier », etc.
Des remarques « pertinentes », soulignait seulement, le président Soibahadine qui ne les commentait pas plus avant, alors qu’un vrai débat d’orientation est à mener… laissant exploser la conseillère Bichara Bouhari Payet, « il n’y a pas de débat ?! ». L’élue en profitait pour revenir sur les problèmes de fonctionnement interne, imprimante, ordinateur, dénoncés notamment dans le rapport de la CRC, et relayés par son collègue Chihabouddine Ben Youssouf.
Ce dernier déplorait un « patrimoine non entretenu », dont la PMI de Mtsapéré, l’immobilisation des travaux sur le terrain de Cavani, une formation professionnelle inexistante, « nous ne donnons aucun espoir à la jeunesse, et du coup, nous récoltons un régime policier », « intégrez l’ensemble de vos directeurs adjoints lors du débat sur les orientations budgétaires, et vous aurez un budget qui a de l’ambition. »
Majoration de salaire pour les médecins
Lui emboitait le pas l’ancien président Daniel Zaïdani, sur la même longueur d’onde pour déplorer « le manque de perspective du budget », et fidèle à son habitude, pointait les déficiences de l’Etat, pas assez défendues par l’exécutif actuel à son goût : « Dans son rapport de 2016 sur une départementalisation mal préparée, la Cour des Comptes indexait page 61, un manque à gagner fiscal de 20 millions d’euros par an, ce qui ferait 60 millions d’euros maintenant, la compensation de 15 millions d’euros de RSA sur les 30M€ de dépenses ».
De son fauteuil d’opposition, il relevait que les « comptes sont au beau fixe grâce aux impôts et taxes »… dont il avait aussi bénéficié en son temps, et déplorait que cette embellie fut au détriment de certaines actions, « baisse de 2 millions d’euros de financement dans les transports scolaires, et de 4 millions d’euros pour les bourses. » De nouvelles modalités avaient été fixées pour ces dernières, qui expliquent que certains étudiants en soient sortis.
Pour le DGS Mahafourou Saïdali, dont la gestion avait été critiquée par la conseillère Bichara, « l’administration doit en effet s’améliorer, mais nous collons au plus prés aux recommandations de la Chambre des Comptes, alors que jusqu’à présent on n’appliquait jamais ce qui était voté. »
La matinée de plénière qui ne comprenait que 6 rapports soumis au vote, se terminait par celui de la majoration attribuée à certains contractuels de catégorie A : « Il s’agit d’une mesure d’attractivité pour les professionnels médico-sociaux. Dans cet esprit, le CHM majore les indemnités de ses contractuels, nous devons l’appliquer ainsi que l’Indemnité de sujétion géographique aux catégorie A, médecins, personnels soignants, en contrat de plus de 3 ans et aux agents en CDI », expliquait le directeur de l’administration générale.
On reste sur sa faim à l’issue de cette séance plénière qui ne s’est pas étendue sur les orientations des investissements, à part qu’ils sont destinés à poursuivre le déroulement du plan de mandature (Lire plan de mandature extrait).
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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