“L’idée c’est de travailler sur le livre autrement, de dire qu’on peut aller à la bibliothèque même si on ne sait pas lire, explique Mouhamadi Dalaidi, directeur de la bibliothèque de Dzoumonié. Des gens pensent qu’ils n’ont pas leur place à la bibliothèque car ils ne savent pas lire, mais il n’y a pas que les livres. L’année dernière, c’était un tout petit projet axé sur l’oralité car il n’y avait pas d’auteurs. Cette année on va plus loin, il y a un volet formation, un volet auteurs et un volet conteurs.”
L’intervention de conteurs célèbres dans la région (programme ci-contre), comme Joseph Masayo, Annie Grondin et Sully Andoche a vocation à “donner des habitudes de lecture dès le plus jeune âge, et faire de la bibliothèque un lieu de vie appuie Juliet Vathelet, directrice de l’agence régional du livre (ARL). Les plus âgés ne voient pas l’intérêt d’y aller car ils ont une image poussiéreuse de ces lieux. On veut donc amener les parents à la bibliothèque, en faire un lieu où tout le monde se retrouve.”
L’idée était aussi, via le partenariat collège-bibliothèque, de rapprocher ces deux structures avec toujours en toile de fond la volonté d’orienter les jeunes vers la lecture. Ce mardi d’ailleurs l’auteur mahorais Nassur Attoumani sera avec Ambass Ridjali au collège pour échanger avec les élèves.
Inauguré samedi avec une centaine de visiteurs, le festival s’est poursuivi ce lundi avec une prestation de l’association des Wababoufous, qui rassemble neuf bibliothécaires mahoraises, fadas de contes et bêtes de scène à leurs heures. “Wababoufous, ça veut dire les bavardeuses, sourit Toilianti Ainou, porteuse du même salouva jaune que ses huit complices.
Chaque mois on fait des animations dans des villages différents, souvent dans les bibliothèques, parfois dans les écoles. Il s’agit d’amener les gens dans les bibliothèques. On fait des sketches ou des contes sur le livre, afin de donner envie de lire. On glisse aussi des morales, pour inciter les gens à partager, ou à aller chez le médecin quand ils sont malades. Car des gens préfèrent les méthodes traditionnelles et refusent d’aller à l’hôpital.”
Samedi, le festival se terminera par un spectacle de slam.
L’année prochaine, Mouhamadi Dalaidi aimerait que le festival aille toujours plus loin. Il rêve déjà de l’étendre à tout le nord de Mayotte, voire à terme, si la mayonnaise prend dans les communes voisines, à tout le département.
Y.D.
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