Lors qu’il prend l’avion pour Paris en 2007, Tafara Houssaïni Assani discute de leur avenir avec les bacheliers fraichement diplômés, en partance pour leur 1ère année d’étude. Ils ont toujours les 25° de leur île dans leur tête, et l’une d’elle notamment, n’a pas vraiment anticipé une quelconque chute des températures, ni rien d’autres d’ailleurs. « Elle m’a expliqué se rendre en suite à Caen, et je l’ai interrogé sur son mode de transport, ‘j’y vais en taxi’, m’a-t-elle expliqué ! » Quelques échanges plus tard, il la retrouver en pleurs à La Réunion… C’est la galère assurée, et l’échec au bout du voyage. « Je l’ai revue en 2010, elle m’a expliqué avoir raté ses deux premières années. »
Un exemple qui illustre le taux d’échec des étudiants mahorais en première année d’étude supérieures, « 93%, et 40% lors de leur parcours de formation hors lagon », rapporte celui qui est à la tête d’un organisme professionnel, DAESA. Ce qui rend peu compréhensible la politique du conseil départemental, frileux pour délivrer des bourses qui riment avec échecs (les départs prébac ne sont plus financés), mais sans fournir l’accompagnement utile.
Tafara Houssaïni Assani décide alors de mettre en place un atelier dans son village à Kani Kéli, pour briffer les jeunes sur les erreurs à ne pas commettre. Les retours des étudiants sont positifs, l’expérience se propage à d’autre village, à Chirongui pour commencer, « j’y interviens chaque année, en donnant à chacun un PowerPoint qui résume les informations». Qui comprennent les démarches de recherche de logement, les solutions de transport (Bus Air France, RER B, Tram, Métro, carte 12-25 etc.), les solutions de réorientation en cas de difficulté, la vie étudiante au quotidien etc. (Job étudiant, BU, Resto U etc.)
Les Assises, bouée de sauvetage du projet
Lors d’un déplacement à Londres, dans le cadre de la mise en place d’un projet Erasmus, il rencontre Zaïnal Ibrahim, un Mahoraise qui y vit et qui fait le même constat que lui. Mais il arrive au bout de ce qui n’est alors qu’une initiative individuelle, « je donnais beaucoup de mon temps et de mes finances, sans accompagnement ». Ils montent ensemble « Emanciper Mayotte », qui va permettre de tourner dans toutes les communes dotées d’un lycée, « toujours sans aides publiques ».
En l’absence de préfinancement, ils sont exclus des aides européennes, « nous avons décidé de répondre à l’appel à projet des Assises des Outre-mer, et sur 850 projets, nous sommes dans le dernier groupe des 36 sur l’ensemble des Outre-mer. » Et ce sont les internautes qui vont faire la différence.
Vous avez donc jusqu’au 13 juin 2018 pour désigner douze lauréats, deux lauréats pour chacune des six catégories: Culture, Environnement, Lien social, Mobilité, Numérique, Production économique. L’Équipe Projets Ultramarins désignera ensuite un lauréat par catégorie, ainsi qu’un prix spécial hors catégorie pour le territoire de Saint-Martin. Au total, 19 projets bénéficieront d’un financement de 10.000 € en plus d’un accompagnement complet et personnalisé pendant un an.
Et bientôt à l’heure de Big Ben
Pour avoir toutes les explications sur la démarche du vote, cliquer ici, et pour voter directement, c’est ici.
Vous pouvez les suivre également sur Facebook : https://www.facebook.com/Émanciper-Mayotte-133106253924063/
Il n’est possible de voter qu’une seule fois par projet mais chaque internaute pourra voter pour six projets différents. Afin de garantir une répartition territoriale équilibrée, chaque territoire ne pourra remporter que trois prix maximum.
La liste des lauréats sera dévoilée à la fin du mois de juin 2018.
S’il est retenu, Tafara Houssaïni Assani va recruter, « un jeune étudiant, déjà passé par la métropole, est motivé pour être notre permanent ».
Ce serait une bonne nouvelle qui succèderait au succès remporté sur l’appel à projet Erasmus + qu’il porte avec Zaïnal Ibrahim, « des étudiants Mahorais vont pouvoir partir 6 mois à Londres, approfondir la langue et découvrir une nouvelle culture ». A travers ce projet basé sur les formations proposées par la commande publique du Conseil Départemental, ils ont l’ambition d’internationaliser la formation des jeunes « avec des compétences reconnues dans le monde entier pour une insertion durable ici ou à l’international ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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