Pilotées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sous l’égide du ministère de la Culture, ces journées se dérouleront pour la cinquième édition, exceptionnellement cette année en raison de la période de ramadan, les vendredi22 et samedi 23juin 2018 au Musée de Mayotte (MuMA), événement coordonné localement par la Direction des affaires culturelles de Mayotte5. Le MuMa proposera à cette occasion différents ateliers tous publics, animations et conférence autour notamment de l’archéologie sous-marine.
Dans le canal du Mozambique, Mayotte est concernée par les échanges depuis les débuts de son peuplement, les découvertes archéologiques témoignant de l’existence d’une intense circulation d’hommes et de marchandises depuis au moins le IXe siècle. Remarquables mais mal connues, ces découvertes constituent les collections archéologiques du Musée de Mayotte (MuMA) et sont riches en mobilier à valeur scientifique.
Ces collections comportent plusieurs centaines d’objets ou ensemble d’objets présentant un intérêt muséographique, dont:
– les canons de Dzaoudzi, remontés des fonds marins, et attribués par leur découvreur, John R. Guthrie, à l’épave du Ruby, naufragé en 1699 à Mayotte;
– des récipients en céramique, en verre ou en pierre, témoins de liens entre Dembeni et d’autres régions de l’océan Indien, Moyen ou Extrême Orient (dès le IXe siècle);
– du quartz ou cristal de roche issu de Madagascar, échangé sur le site de Dembeni, et exporté dans les grandes capitales du Moyen Âge (Xe et XIe siècles);
– des perles en verre ou en coquillage issues des Indes ou d’Afrique, retrouvées principalement à Acoua (XIIe siècle).
En 2017, deux grandes expositions ont présenté, pour la première fois en métropole, des découvertes archéologiques de Mayotte: l’Institut du monde arabe à Paris, dans le cadre de l’exposition “Trésors de l’islam en Afrique – De Tombouctou à Zanzibar”, a présenté des parures de perles et une conque musicale traversière provenant de la nécropole d’Acoua Antsiraka Boira. De son côté, le MuCEM à Marseille a exposé, dans le cadre de l’exposition “Aventuriers des mers”, la bague à l’anneau d’argent et pierre de cornaline du site de Dembeni Ironi Be.
Boutres anciens
Le fond du lagon réserve lui aussi quelques surprises. L’île de Mayotte est ceinturée par un complexe récifal, barrière longtemps mal appréhendée, dont la méconnaissance a été la cause de nombreux accidents maritimes. Les prospections organisées le long de cette barrière et notamment aux abords des passes ont permis de mettre en évidence des vestiges archéologiques d’importance inégale et d’ancienneté variable.
Cette recherche, sous la tutelle et avec la collaboration du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), a conduit à un répertoire des biens culturels maritimes et à une meilleure compréhension de l’histoire maritime de l’île. Des écales de boutres anciens aux épaves métalliques modernes, des grappins rudimentaires aux bouches à feu élaborées, tous attestent un commerce continu et des échanges multiples et divers. Le patrimoine sous-marin de Mayotte permet ainsi de rejoindre la longue histoire de la Route des Indes et des Grandes découvertes.
En octobre 2016, avec le soutien et la collaboration de la DRASSM et de la DAC de Mayotte, les archéologues Delphine Dumarché et Henri DanielLiszkowski de la Société d’histoire et d’archéologie de Mayotte (Sham), appuyé par Jérôme Mathey (DroneGo), ont mené deux prospections en baies d’Acoua et de Soulou. Après un travail préliminaire de cartographie des zones par drone dans le but d’obtenir cartes, orthophotographies et bathymétrie, les objectifs ont consisté, pour les deux baies, à identifier les biens culturels maritimes quelle qu’en soit la chronologie. Les résultats de ces prospections ont donné lieu à l’établissement de deux rapports de fouilles.
Les Journées ont commencé ce vendredi et se poursuivent samedi, suivez le Guide des Journées nationale archéologie 2018 !
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