On nous avait promis un “super préfet” doté de pouvoirs étendus, mais on ne s’attendait pas à le voir un fusil d’assaut entre les mains. Mais l’inauguration ce mardi du stand de tir de Doujani était une occasion trop belle pour se priver de faire un essai.
Plus sérieusement, cet équipement à 75 000€ qui aura mis deux ans à voir le jour était “nécessaire” selon Dominique Sorain. “Les capacités d’entraînement étaient limitées au DLEM à cause de l’augmentation du nombre d’agents” résume-t-il.
En effet “nous allons avoir encore plus besoin de ce pas de tir en raison des renforts qui viennent, avec une utilisation de plus en plus régulière.”
Car si les forces de police classiques ont une obligation de trois séances de tir annuelles, les forces d’intervention, comme les effectifs BAC, doivent en faire minimum six. “Le centre du DLEM était saturé, notamment en raison des contraintes liées à la proximité de l’aéroport” complète le préfet. En outre poursuit-il, si ce stand répond à des besoins “il fera aussi gagner du temps. Prendre la barge pour aller sur Petite Terre, ça bouffait la journée. Ce n’est pas que symbolique et pratique, ça aura un effet sur le temps d’activité des agents, et ça coûtera moins cher. C’est une belle illustration de l’amélioration des équipements que nous avons à Mayotte.”
Et de fait, l’utilisation du site promet d’être intense. Outre les forces de police de Grande-Terre (la PAF continuera à s’entraîner aux Badamiers), la gendarmerie, la police de l’environnement, les Douanes et les agents de la pénitentiaire se partageront cet espace. Autant de services d’Etat auxquels il faudra rajouter le tir sportif. Le site est conçu pour le tir de petit et moyen calibre, limité aux armes utilisées par les forces de l’ordre. Ce qui comprend les armes de poing de 9mm, les pistolets mitrailleurs de la police, eux aussi en 9mm, les fusils d’assault G36 qui équipent la BAC et le GAO et les fusils à pompe.
Menace pour les oiseaux ?
Or, tout cela fait du bruit. Et si le site est connu comme carrière, il comporte aussi un étang artisanal qui nourrit les crabiers blancs, et les hauteurs de la carrière hébergent un autre oiseau moins fréquent. “Un couple de faucons pélerins, une espèce nicheuse, rare et menacée, niche sur les hauteurs du site”, explique Emilien Dautrey de l’association Gepomay, groupe d’étude et de protection des oiseaux de Mayotte. Selon lui, ces rapaces, dont on ne compte guère plus d’une dizaine de couples sur tout le département, se seraient reproduits à Doujani en 2014. L’exploitation illégale du site a fait fuir le couple en 2015 puis celui-ci est revenu l’année suivante. L’association suit donc de près les conséquences que peuvent avoir ces détonations répétées. “Il y a eu une étude d’impact, et un arrêté préfectoral pour limiter, réduire et compenser l’impact, poursuit le bénévole”. D’autres études doivent déterminer si l’utilisation du stand de tir ne risque pas de faire à nouveau fuir ce couple d’oiseaux rares, dont la seule preuve de reproduction a été photographiée précisément à cet endroit.
Y.D.
Stand de tir de Grande Terre : du plomb et des ailes
Le nouveau stand de tir de Doujani, attendu de longue date par la police, a enfin été inauguré. Un équipement coûteux et nécessaire, mais qui vient aussi chatouiller l'oreille d'oiseaux rares qui nichent sur ces hauteurs.
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