Pendant qu’un de leur camarade passe devant le jury, les agents de la société d’aconage ne sont pas particulièrement à l’aise dans le couloir : « On a beau maîtriser ce qu’on nous a appris, passer un examen, c’est jamais facile, on peut perdre les pédales ! »
La manutention, c’est leur domaine, « ils connaissent leur travail, mais c’est plus compliqué quand il faut apprendre les termes adéquats. Ou par exemple, connaître les codes inscrits sur les containers. Mais certains ont déjà un niveau élevé », explique au JDM Mouhadji Ibrahim, représentant de SGM Manutention (La Réunion), président du jury paritaire. A ses côtés, Hachirou Maliki, directeur de la SMART et représentant les salariés, et Thierry Fayet, Directeur de GEM Formation, qui assure la formation.
Il s’agit de délivrer le Certificat de qualification professionnelle (CQP) de docker, « le passeport pour l’accès au quai », résume Hachirou Maliki. Depuis 2010, la législation le conditionne en effet à l’obtention de ce diplôme, remis par l’Union nationale des Industries de manutention des Ports français. L’application du code du travail de droit commun à Mayotte rendait donc cette formation indispensable pour les dockers de la SMART.
Une protection que les professionnels français ont voulu mettre en place face à l’arrivée de main d’œuvre étrangère, « la détention du CQP permettra aussi aux dockers mahorais de pouvoir postuler sur d’autres plateformes quelque soit le port français », souligne Thierry Fayet.
Le docker casse son image d’Epinal
La formation de 49 heures s’est déroulée à Mayotte, et se divise en plusieurs modules : l’environnement portuaire, la sécurité des navires, la sureté portuaire avec le code ISPS, l’hygiène et la sécurité au travail, avec le port d’équipement, etc. Ce lundi matin, c’est la partie théorique que les agents craignaient le plus. Ils sont deux groupes de 12 à passer, un premier effectif a déjà été certifié, « on espère que d’ici fin 2018, nos 128 agents le seront », indique Hachirou Maliki. Elle est financée par OPCALIA et le Fonds Social Européen.
Les deux premiers candidats sont ressortis souriants, « il n’y a pas eu de grosse difficulté, il fallait décrire les étapes à effectuer pour accéder à un container depuis une nacelle ». Mouhadji Ibrahim fait remarquer que le docker n’est plus ce gros bras qui porte un sac de 25 kilos sur son épaule : « Le métier a évolué. Il y a moins d’efforts à fournir, mais davantage de dangers en raison de la mécanisation. »
Ils passent ensuite aux travaux pratiques sur les quais, avec au menu notamment, le saisissage de containers et de diverses marchandises, la manutention, l’élingage et avec les termes appropriés : « Nous avons appris qu’on ne disait pas un drapeau mais un pavillon, et qu’on ‘lovait’ les câbles pour les enrouler. » Ils ont aussi compris qu’il fallait travailler en binômes, et vêtus d’Equipement de Protection Individuel. L’un d’entre eux le porte d’ailleurs avant d’entrer dans la salle… un jury si dangereux ?! La boutade décontracte l’atmosphère.
Ceux qui n’obtiendront pas le certificat devront le repasser, les autres pourront enchaîner plus tard sur des spécialisations, comme le CQP conducteurs d’engins, ou le CQP chef de manutention.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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