Si son nom ne le laisse pas entendre, l’association présidée par Asma Issimaila Hamida est installée à La Réunion depuis quatre ans. Et depuis quelques mois les membres de la structure, dont l’objet principal était la promotion de la culture mahoraise, ont choisi d’apporter leur soutien aux malades évacués sanitaires hospitalisés au CHU de Bellepierre.
« Ce n’est pas parce que nous sommes loin de chez nous, que nous perdons nos valeurs. Les Mahorais ont l’habitude de s’entraider, ce que nous faisons avec Ouvoimoja wa M’tsapéré » explique Hassani Abdallah, vice-président de l’association.
Depuis le mois de mars, la quarantaine de membres que compte l’association se relaie pour rendre visite aux malades venus de Mayotte, les soutenir et accompagner les familles dans les démarches administratives liées à ces évacuations sanitaires. La maison des parents de l’Océan Indien permet aux parents, quand ils peuvent faire le voyage jusqu’à la Réunion, d’accompagner leurs enfants hospitalisés, souvent pour des pathologies lourdes. Dès lors, ils peuvent prendre contact avec l’association qui propose, par exemple, de les accompagner pour faire des courses ou simplement de partager un moment convivial, histoire de se changer les idées.
Accompagnement des “Evasanés”
Au début des années 2000, le nombre d’EVASAN entre les deux départements se chiffraient à environ 200 par an, en 2015, on en comptait 600. Face à cette activité en constante augmentation, les centres hospitaliers de Mayotte et de La Réunion ont mis en place une cellule dédiée, à l’hôpital de Bellepierre, pour la prise en charge de ces malades. C’est le personnel de cette cellule qui signale, en concertation avec les personnes hospitalisées et leurs proches, à l’association l’arrivée de Mahorais au sein du centre hospitalier universitaire. « Avec l’autorisation des médecins, on propose des sorties aux malades, pour qu’ils voient autre chose que l’hôpital » explique Asma Issimaila Hamida, la dynamique présidente d’Ouvoimoja wa M’tsapéré.
Cette dernière, souhaiterait également développer l’aide aux devoirs pour les jeunes du quartier Vauban, où de nombreuses familles mahoraises résident, souvent monoparentales. Elle aimerait aussi proposer des ateliers de cuisine pour valoriser le savoir-faire de ses mamans. « Je suis arrivée ici lorsque j’étais enfant et je me définis aujourd’hui comme une réunionnaise-mahoraise » explique Asma Issimaila Hamida.
La jeune présidente a vu l’image de ses compatriotes mahorais évoluer au fil du temps sur cette île où les habitants ne cachaient pas leurs mépris « dans les années 90, on nous appelait « band comor », les réunionnais ne faisaient pas la distinction entre Comoriens et Mahorais. Les choses se sont améliorées depuis, les enfants n’ont plus de problème à l’école, les jeunes ne font pas de différence et on voit de plus en plus de Mahorais occuper des postes dans les mairies, être élus… »
Si les Mahorais cherchent à s’intégrer dans un département qui s’est construit grâce à l’immigration, ils n’en sont pas moins fiers de faire vivre leur culture. En ce samedi de réjouissances, les mamans, venues des quatre coins de l’île Bourbon avaient cuisiné des plats typiques aux saveurs mahoraises : karara, samboss et pilao et c’est au rythme des mbiwis que le quartier Vauban a vibré durant quelques heures.
M.C.
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