Jusqu’au 6 avril dernier, date de levée des barrages qui paralysaient l’île depuis le 20 février, le parquet de Mamoudzou avait décidé de ne pas poursuivre les barragistes. Dans un souci d’apaisement, mais aussi sans doute, par sollicitude envers le mouvement social contre l’insécurité. “Les autorités ont fait preuve d’une bienveillante compréhension puisque les voies étaient entravées depuis le 20 février” souligne le président d’audience. “Tout le monde est concerné par l’insécurité” corrobore la substitut du procureur qui rappelle toutefois que “entraver la circulation est une infraction qui peut mener devant le tribunal correctionnel”.
La Justice a donc fait preuve de patience pendant le mouvement social. Mais une fois que la majorité des organisations avait appelé à la levée des barrages, la tolérance a pris fin. Aussi, des barrages érigés après le 6 avril ont-ils fait l’objet de poursuites.
Ce jour-là, les gendarmes mobiles démontent à l’aube le barrage de Longoni, un des plus fortifiés du territoire. Quelques minutes plus tard, ils aperçoivent deux individus qui remettent des pneus sur la route. L’un d’eux aurait même tenté d’y mettre le feu. Interpellés, ce sont les deux premiers prévenus jugés ce mardi. Le juge tient à rappeler que ce n’est pas là le procès de la grève. “Ici ce qui est jugé, ce sont des initiatives personnelles”.
Des deux premiers prévenus, un seul était présent au procès. Veste élégante et grand sourire, cet ancien élève de Segpa ne présente pas le profil d’un meneur, encore moins d’un délinquant. Il reconnaît les faits et s’en excuse. “Le tribunal ne vous considère absolument pas comme un délinquant et vous dispense de peine” annonce le juge Lameyre. Pour son complice présumé qui aurait initié ce nouveau barrage sauvage, la sanction est plus lourde : 4 mois de prison ferme. Arrivé peu après, l’intéressé a appris cette condamnation et annoncé vouloir interjeter appel.
L’autre affaire concerne des faits postérieurs de trois jours. Le 9 avril, alors que les barrages étaient théoriquement levés, un automobiliste constate des objets sur la chaussée à la pointe Koungou. Il prévient les gendarmes qui interviennent sur place et interpellent deux personnes, dont la secrétaire départementale de la CGT. Toutes deux poursuivies pour entrave à la circulation, la procureure réclame à leur encontre deux mois de prison avec sursis et 800€ d’amende.
“Il n’y a rien dans ce dossier” plaide Yanis Souhaïli, “aucun élément de preuve que ces deux personnes aient érigé le barrage, on a voulu faire un exemple”.
Si elles étaient bien présentes sur place, aucun élément de procédure ne permet en effet d’établir que l’un ou l’autre avait bien participé à l’érection dudit barrage. Devant ce constat, le juge a relaxé les deux. Tout en rappelant que le parquet a également 10 jours pour faire appel.
Y.D.
Quatre barragistes présumés jugés ce mardi matin
La justice avait décidé de poursuivre quatre personnes interpellées lors de barrages "sauvages", dressés après l'annonce de la levée des barrages le 6 avril dernier. Un seul prévenu, arrivé en retard à l'audience, écope de prison ferme.
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