L’information portant sur de nouvelles reconduites n’était qu’officieuse, le ministre de l’Intérieur l’a confirmé vendredi dernier sur radio France, diffusé par Mayotte La Première. Nous rapportons ses propos : « « Nous avons travaillé avec le gouvernement des Comores, et comme le président des Comores a été réélu avec une grande majorité, nous lui avons dit qu’effectivement qu’il fallait qu’il permette des rapatriements de migrants irréguliers. Et c’est ce qu’ils ont commencé à faire, même si effectivement, c’est à doses relativement réduites. En même temps, nous-mêmes allons avoir, en septembre des vedettes pour pouvoir contrôler donc plus loin de Mayotte, et donc mieux pouvoir mener la lutte contre l’immigration régulière. »
En réalité le président Azali n’a pas été réélu, mais a obtenu un score quasi soviétique (92,74%) à son référendum du 30 juillet 2018, lui permettant notamment de briguer deux mandats de 5 ans consécutifs, contre un seul actuellement en raison d’une présidence tournante entre les 3 îles de l’Union. Azali Assoumani voulait un grand rassemblement autour de sa personne et de la suppression de la Cour Constitutionnelle.
Une mesure populiste
Il y est parvenu. Pour cela, il a instauré un blocus sur toute reconduite à la frontière d’étrangers en situation irrégulière depuis Mayotte, satisfaisant ainsi par une mesure populiste, ses électeurs qui considèrent Mayotte comme comorienne, et donc légitime pour accueillir la population des autres îles. Apparemment, la diplomatie française a suivi, un deal était passé.
Le référendum échu, un retour à la normale était donc attendu du côté français, ce qui ne vient vraisemblablement que trop timidement au goût du ministre de l’Intérieur, quelques reconduites ont lieu depuis deux semaines, mais pas de manière régulière. D’où cette sortie de Gérard Collomb. Il est vrai qu’une reprise soudaine aurait mis en lumière une politique à la petite semaine du président Azali, de quoi donner des armes à l’opposition qui enfle dans le pays, et qui avait appelé au boycott du référendum. Surtout que des élections anticipées pourraient donc se tenir en 2019 plutôt qu’en 2021, avec comme objectif d’asseoir de nouveau Azali Assoumani à la tête du pays.
Le ministre confirme par ailleurs l’arrivée des deux bateaux intercepteurs annoncés dans le Plan Mayotte pour le mois de septembre, et dédié à l’interpellation de kwassas, les bateaux de migrants, en mer. Deux autres sont prévus pour 2019.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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