Parmi les demandes du collectif et de l’intersyndicale en avril 2018, figurait l’autonomie de certaines structures à Mayotte. En dehors du vice-rectorat, on a beaucoup parlé de l’Agence Régionale de Santé, moins du Pôle emploi, ces deux dernières dépendantes d’une direction régionale basée à La Réunion. Or, les dysfonctionnements répétés liés à cette configuration hyper centralisée sur l’autre île française de l’océan Indien sont nombreux. L’inscription sur la mesure n°27 du Plan Mayotte de la mise en place d’une direction régionale du Pôle emploi au 1er trimestre 2019 ont donc donné une bouffée d’oxygène à tout le monde et plus particulièrement aux acteurs sociaux membres de l’instance paritaire du Pôle emploi de Mayotte.
Sa présidente, Carla Baltus, était en délégation ce mercredi au ministère du Travail, aux côtés du sénateur Thani Mohamed Soilihi, pour une discussion sur les modalités de cette passation de pouvoir. Elle les résume au JDM : « Nous aurons une autonomie totale vis à vis de La Réunion, en lieu et place du contrat de service qui relie actuellement nos deux structures ». C’est à dire que les gestions des ressources humaines ou de fiche de paie, seront exécutées à Mayotte. Etant donné le passif de la décentralisation sur le territoire, doit-on être rassuré ? « Oui, car nous allons recruter des compétences, des créations de postes sont actées, avec le budget adéquat », complète celle qui est aussi présidente du Medef Mayotte.
Il y aura une direction régionale et non plus territoriale, « pour laquelle nous avons soutenu une candidature locale ».
Explosion des demandeurs d’emploi à prévoir
Que peut-on attendre de cette autonomie ? « Nous espérons un meilleur suivi des demandeurs d’emploi, avec davantage d’agences, notamment l’implantation d’une structure dans le sud. Jusqu’à présent, les demandeurs d’emploi étaient rebutés dans leur démarche par des conditions d’accueil décourageantes, dont une longue file d’attente à l’entrée. Pour plus d’efficacité, il faut développer de nouveaux outils, dématérialiser, et nous donner, à nous les partenaires sociaux, davantage de pouvoirs, nous pouvons être de bon conseil par notre connaissance du territoire. »
Carla Baltus donne un exemple : « Lorsqu’un demandeur d’emploi appelle depuis Mayotte le 3949 pour contacter Pôle emploi, il tombe sur un interlocuteur en métropole. Tous ceux qui ne maîtrisent pas la langue française sont donc découragés. » Une anecdote qui a fait sursauter le directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, que les partenaires sociaux ont rencontré, « il ne le savait pas ».
La conséquence directe de cette réorganisation en interne va être « une explosion des demandeurs d’emploi », qui n’étaient répertoriés jusqu’à présent que dans le halo de chômage de l’INSEE, et non dans les statistiques de chômage officielles. « Il va donc falloir également recruter des conseillers, pour une prise en charge adaptée du public. »
Derniers points, les partenaires sociaux attendent aussi une amélioration de la prise en charge des jeunes, avec des moyens supplémentaires sur le budget de formation, « surtout pour ceux qui sont en décrochage scolaire », et une meilleure collaboration avec la Mission Locale qui a la compétence des 16-25 ans.
Au vu des dysfonctionnements, on attend beaucoup de cette régionalisation, et on se demandera alors comment on a pu s’en passer !…
A cette occasion, Muriel Pénicaud a annoncé sa venue à Mayotte en novembre.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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