Non loin du quartier populaire du Bas de la Rivière à l’entrée ouest du chef lieu réunionnais, se trouve le quartier militaire de La Redoute. Théâtre de batailles historiques, la caserne héberge aujourd’hui l’état-major des forces armées de la zone sud de l’océan indien, une gendarmerie et le RSMA. Mais en ces journées européennes du patrimoine, ce sont des chants soufies qui s’échappent des lieux, comme une invitation.
C’est sur invitation de la Ville de Saint-Denis qu’Elena Bertuzzi et Laure Chatrefou ont mis en scène leur installation artistique dans le petit fort qu’abrite la caserne militaire. « Nous nous sommes adaptées au lieu » plaisante Laure Chatrefou, vidéaste, qui travaille depuis 6 ans avec l’anthropologue Elena Bertuzzi, sur le debaa. En effet, le fort qui était autrefois une prison militaire, ne permettait pas la mise en scène de la haie des danseuses, telle qu’imaginée par les deux artistes. Qu’à cela ne tienne, elles se sont adaptées pour permettre aux visiteurs de découvrir cette danse emblématique de Mayotte et pourtant encore trop méconnue.
Les visiteurs filmés
Depuis plusieurs mois, grâce au soutien de la politique de la ville, les deux artistes travaillent avec des femmes mahoraises installées à La Réunion. C’est ainsi qu’est née la haie des danseuses, réalisée exclusivement avec des femmes de Saint-Denis, habitantes des quartiers de la Trinité et du Bas de la Rivière. Pour cela, elles se sont invitées à la Cité des arts, pour deux journées de tournage et d’enregistrement dans des conditions quasi-professionnelles.
Depuis 2013, « Au cœur du debaa » sillonne les routes du monde : de Mayotte à Paris, en passant par l’Italie et la Nouvelle Zélande. En constante évolution, la création va encore être enrichie puisqu’un nouveau module est en cours de réflexion : « Nous souhaitons que les visiteurs laissent une trace de leur passage, ils seront filmés à l’issue de leur visite et seront incités à participer au debaa ».
En ce samedi après-midi, c’est le maire de Saint-Denis, Gilbert Annette, qui a succombé aux chants envoutants des mahoraises. « C’est envoûtant » s’exclamait l’élu.
En 2019, deux événements majeurs vont également animer l’actualité du projet puisqu’un film de 35 minutes coproduit par Mayotte 1ère a été réalisé à partir des centaines d’heures de danse filmées par Laure Chatrefou. Les deux artistes sont par ailleurs invitées par le roi Mohamed VI du Maroc dans le cadre de l’exposition « Trésors de l’Islam d’Afrique » a venir présenter « Au cœur du debaa ».
M.C.
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