Jusqu’à présent, les collectifs de citoyens s’en étaient uniquement pris au service des étrangers pour bloquer toute délivrance de visas en réponse au blocus de Moroni de leurs ressortissant en provenance de Mayotte. Une vitesse supérieure avait été passée vendredi dernier avec la fermeture du conseil départemental. Nous avions évoqué la rencontre qui s’en était suivie avec le président Soibahadine, et ce jeudi, ce sont les services de l’ARS, l’Agence régionale de santé, qui ont été bloqués.
« Nos portes ont été cadenassées, nous ne pouvons pas entrer dans nos locaux », constate Xavier Montserrat, le directeur de l’antenne locale de l’ARS OI. Est également impactée la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) voisine, où devait se tenir un importante réunion. La volonté semble manifeste de fermer les services publics, une action à double tranchant.
Ahamada Ousseni, le directeur de cabinet du président du conseil départemental, revient sur l’origine de l’action : « Les mamans qui bloquent les grilles du service des étrangers se plaignaient de ne pas être entendues des élus, et de se faire insulter par des étrangers qui passaient à proximité. Mais vendredi dernier, elles n’ont pas trouvé le président Soibahadine au conseil départemental, c’est la journée qu’il consacre à son canton de Ouangani ». Elles ont donc décidé de poser des cadenas sur les portes d’entrée du conseil départemental.
« Azali n’attend que ça ! »
A leurs revendications principales de déplacement du service des étrangers à l’ambassade de France de Moroni, et de la reprise de ses ressortissants par le président Azali, se rajoutait alors celle d’un déplacement sur place du président Soibahadine, « elle ont assuré qu’en échange, elles rouvriraient les portes ». Souffrant, celui-ci n’a pu s’y rendre que mardi, « nous avons longuement échangé », rapporte Ousseni Ahamada, mais pas d’ouverture en réponse, « elles avaient changé de stratégie, il n’y a plus de leader », se plaint-il.
S’ensuit une perturbation importante des réunions, non pas des élus, qu’elles veulent viser, « ils tiennent leurs réunions ailleurs », mais du fonctionnement même de la collectivité : « Nous devons recevoir prochainement Didier Robert, le président de la Région Réunion, et sa délégation, pour une formation aux fonds européens dont nous comptons récupérer la gestion en 2020, et nous ne pouvons payer les bourses de nos étudiants. Alors que nous étions partis pour négocier avec elles, nous allons devoir passer en force. Et Azali n’attend que ça ! »
Une opposition entre mahorais, en effet, le président des Comores ne pourrait rêver mieux.
Safina Soula, un des leaders du Collectif, attend une prise de parole publique des élus, “en dehors du sénateur Thani et de Issa Abdou, les autres, comme le président des maires, on ne les entend pas.” Elle note des efforts du conseil départemental, “un travail positif se fait, l’ouverture ne devrait être qu’une question de jour.”
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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