La deuxième intercommunalité de l’île à avoir été créée, après Petite Terre, et seule communauté d’agglomération pour englober les 87.000 habitants des communes de Mamoudzou et Dembéni réunies, peut compter sur un budget de prés de 20 millions d’euros (11M€ en fonctionnement et 8 M€ en Investissement), faible au regard des enjeux, « mais c’est un début », glisse Bacar Ali Boto, Chargé des Finances et de l’administration de la CADEMA, et 1er adjoint au maire de Mamoudzou.
Lorsqu’il a été question le 1er aout 2016 de créer la CADEMA, « on était toujours attaché à l’échelle du village, se rappelle Majani Mohamed, président de la CADEMA et maire de Mamoudzou, mais nous avons compris que les enjeux impliquait une autre échelle de vision ».
Le projet de territoire 2017-2020 qui intègre « des partenaires incontournables », que sont, l’Etat, le conseil départemental, l’AFD et la Caisse des Dépôts, était présenté au sein de ce qui devient pour un temps le siège de la CADEMA, l’ex-SMIAM, en face de la mairie de Mamoudzou.
Reprenant les 6 compétences obligatoires de l’EPCI, quatre pôles ont été défini, Développement économique, Développement durable, Aménagement et politique de la ville, et le Pôle Ressource, « consacré à minimiser les dépenses de fonctionnement pour investir dans les projets en cours », rapporte Bacar Ali Boto. Parmi eux, Caribus de transport collectif urbain et interurbain, défini au départ par la mairie de Mamoudzou à son échelle, qu’il a fallu remodeler en incluant Dembéni, pour une desserte allant des Hauts-Vallons au Centre universitaire. D’un coût prévisionnel de 145 millions d’euros, à financement multi partenarial.
Bientôt des PV pour atteintes à l’environnement
Sur le pôle déchet, Mamoudzou ayant sa propre régie de collecte, il s’agit de faire sortir Dembéni du SIDEVAM. Une distribution de 200 bacs individuels et collectifs est en cours.
Des compétences obligatoires qui n’ont pas été étendues outre mesure, « nous voulons nous concentrer sur 6 axes indispensables, plutôt que de tout prendre et de nous éparpiller », explique Nathalie De Loriol, la DGS de la Communauté d’Agglomération DEmbéni MAmoudzou.
Autre compétence, la Gestion des milieux aquatiques et prévention contre les inondations, GEMAPI, qui permet notamment une protection des bassins versants, impactant sur la qualité de la ressource en eau. Et la zone la plus urbanisée de Mayotte est en souffrance : « C’est sur la CADEMA que nous trouvons le plus grand nombre de cours d’eau en mauvais état, et nous en surveillons deux susceptibles de provoquer des inondations », explique Saïd Omar Nassur, chef de projet Eau. Parmi les actions prévues, le nettoyage des cours d’eau en partenariat avec l’Etat et la société civile, la mise en place d’une brigade environnementale, « qui pourra délivrer des PV en cas de dégradation des cours d’eau ».
Parmi les urgences sur le domaine de l’eau et de l’assainissement, leur transfert « obligatoire » du Sieam à l’EPCI* en 2020 comme celui de la gestion des eaux pluviales, et la question de l’assainissement non collectif dédié aux communes, « mais qui n’en ont pas les moyens ».
7.000 cases en habitat indigne
Le contrat de ruralité signé avec l’Etat permet d’agir comme son nom l’indique, sur la partie rurale de la communauté d’agglo, notamment l’accessibilité aux services et aux soins, le développement du numérique, la transition écologique, etc. Il débute par la réhabilitation de 3 plateaux sportifs.
En évoquant tous ces points, ils semblent tous de premières urgences, mais il en est un qui prend le dessus, la Lutte contre l’habitat indigne (LHI). « La CADEMA concentre 42% des habitations de fortune du département, avec 7.000 constructions visées, dont 3.800 construits en zone d’aléas forts », explique la coordinatrice Habitat et Logement. Une réhabilitation chiffrée à 141 millions d’euros sur 7 ans, dont une convention PILHI était signée ce mercredi avec la communauté d’agglomération, les deux communes membres, l’Etat et l’Agence Régionale de Santé (ARS). D’autres seront mises en place, à Cavani et à Dembéni, notamment.
Autre partenaire particulier de la CADEMA, la Chambre Régionale de l’Economie sociale et solidaire (CRESS), qui apporte un gros plus, « l’insertion d’une clause sociale dans 30 marchés publics, notamment du Sieam et de Koungou, qui aura permis de mettre en place 34.000 heures de formation, et d’insérer 10 personnes », rapporte sa représentante.
Uniquement 6 compétences mais qui semblent un travail de Titan sur ce territoire de concentration de beaucoup de handicaps, mais dont les élus semblent se retrousser les manches.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* EPCI : Établissement public de Coopération intercommunale
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