Commandé aux auteurs Guillaume Servely et Jean-Luc Raharimana, Amoja a été joué plusieurs fois à Mayotte, notamment à l’occasion du festival Wana Mitsé, lui-même organisé par la compagnie Ariart de Kani-Kéli. Initialement destiné à un public jeune, il trouve résonnance auprès de tous, chez les 6 à 9 ans, comme chez les adolescents que les adultes. Mélange de conte, chant, danse et théâtre, Amoja réuni sur scène un duo formé par le mahorais El-Madjid Saindou et la réunionnaise Agnès Bertille. Un couple dont le désir d’enfant tourne à l’obsession, dans laquelle se mêle un djinn, et qui mène à la naissance d’un enfant difforme, rejeté par le village dans lequel résident ses parents, devenus de fait des parias. De là, en découle un questionnement sur la perception de l’autre, celui qui sort de la norme.
Aucun doute sur la référence à la situation que traverse Mayotte et la problématique de l’immigration ainsi que sur le regard porté sur les étrangers. Un texte poétique, des références aux croyances, une problématique mondiale (les migrations), le public de la Fabrik semblait enchanté à l’issue de la représentation. Certains regrettant même qu’une seule date ne soit programmée dans le cadre de l’événement MouvmanTeat 2018 organisé par le Centre Dramatique de l’Océan Indien. La Réunion, département souvent cité en exemple pour son multiculturalisme connaît tout de même des problèmes d’intégration et les Mahorais sont parfois pointés du doigt, la problématique d’Amoja fait donc ici aussi écho dans le public, de manière transposée.
« A Mayotte comme à La Réunion, nous avons eu une très belle écoute, ce qui est assez réconfortant » soulignait Agnès Bertille à l’issue de la représentation de mardi soir.
Malgré des problèmes techniques qui auront retardé la représentation de plus d’une heure et perturbé la préparation des comédiens, le public n’y aura vu que du feu. Plusieurs minutes d’applaudissement et les félicitations de professionnels réunionnais auront eu tôt fait de rassurer les comédiens et l’un des auteurs, Guillaume Servely, présent dans la salle. « Notre souci au moment de l’écriture était que le spectacle soit à la fois ancré dans les racines de Mayotte, en faisant notamment référence à ses traditions, mais qu’il puisse aussi parler à des gens ailleurs, qui ne connaissent pas forcément l’île » souligne le co-auteur. Un pari qui semblait réussi, mardi soir, à Saint-Denis de La Réunion.
M.C.
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