Un grand sourire de de longues dents pointues. La police municipale de Mamoudzou se veut un allié incontournable de la police nationale dans la ville préfecture de Mayotte.
La cérémonie d’inauguration du nouveau système vidéo, en service depuis le mois de mars, était l’occasion pour les autorités d’exhiber les nouveaux moyens mis en œuvre. Au fil des démonstrations, on aura vu comment le flashball qui équipe certains agents peut convaincre un homme armé de se rendre. Ou comment les scooters de la police municipale interviennent en toute sécurité pour interpeller un automobiliste au volant.
En début d’année, on avait pu voir les chiens policiers fraîchement arrivés, et qui étaient encore assez peu disciplinés. Cette fois encore, les fidèles assistants de la police municipale ont justifié leur laisse en montrant autant les dents au faux criminel qu’on leur présentait, qu’à un journaliste présent derrière eux.
Mais le centre névralgique de la sécurité urbaine du chef-lieu réside dans une pièce sécurisée, le Centre de supervision urbaine (CSU). C’est là que la police municipale visionne en temps réel les images des 66 caméras de vidéo surveillance installées dans toute la commune de Mamoudzou. Autonome “grâce à un groupe électrogène”, ce système qui a coûté la bagatelle de 4 millions d’euros doit servir à la résolution d’affaires, mais aussi à faire du flagrant-délit et à constater “toutes les formes d’incivilités” selon le maire Mohamed Majani qui cite en vrac les “dégradations du mobilier urbain, dépôts sauvages d’ordure et la régulation de la circulation”. Parmi les affaires résolues grâce aux caméras, des histoires de trafic de drogue, des vols et des agressions physiques. “Sur Mamoudzou, le nombre de faits constatés est en baisse de 26,5%” souligne le préfet Dominique Sorain qui refuse pour autant de se réjouir de cette baisse notable mais insuffisante. “Il ne faut pas baisser la garde” insiste-t-il.
Un rôle dissuasif avéré
Pour le commissaire Philippe Jos, la vidéo-surveillance a joué un rôle majeur dans cette baisse qui sera officialisée ce mardi après-midi avec l’annonce des chiffres actualisés de la délinquance à Mayotte. “Ça a joué dans certains quartiers en particulier, où on a vu une corrélation entre l’installation des caméras et une baisse significative de la délinquance”. En revanche, la police affirme ne pas constater de déplacement de cette délinquance dans des zones non couvertes. “Quand on constate une baisse, ça baisse”.
La vidéo-surveillance, “on l’intègre complètement dans nos dispositifs, indique-t-il. Des secteurs clés sont particulièrement surveillés”. Ainsi rappelle-t-il, “en septembre, deux jeunes ont fait un vol à l’arraché au rond-point baobab, l’opérateur a prévenu la Brigade anti criminalité (Bac) qui s’est rendue immédiatement sur les lieux et a pu interpeller les auteurs”. En cinq mois, une dizaine de délits ont été ainsi élucidés juste après la commission des faits. Plusieurs enquêtes sont aussi en cours, qui utilisent les images pour identifier les auteurs.
Depuis le mois de mai, les images du CSU sont retransmises en direct dans une salle analogue au commissariat de la police nationale afin d’en mutualiser le bénéfice.
Ainsi pendant que les politiques inaugurent les locaux, dans le CSU, l’opérateur zoome sur un scooter qui s’est arrêté non loin de la barge, sitôt rejoint par un piéton. Discussion, longue poignée de main, le policier resserre le cadrage pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une transaction douteuse. Tout soupçon écarté, il réoriente la caméra vers de possibles vendeurs à la sauvette. Ces constats à distance permettent aussi de mieux orienter l’action des patrouilles de police “ça va bien au delà de la simple constatation ou élucidation des délits” se réjouit le commissaire Jos.
Le réseau se compose de 66 caméras orientables à 360°, équipées de vision infra-rouge et de zooms assez puissants pour identifier d’assez loin une plaque d’immatriculation.
Y.D.
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