Tout d’abord un point aérien : malgré les 26 barrages recensés sur toute l’île de La Réunion, l’aéroport de La Réunion et les compagnies aériennes maintiennent le programme de vol. Cependant, l’avion Air Austral qui devait décoller ce lundi à 10h30 de Saint-Denis a été momentanément bloqué sur le tarmac : son personnel technique, notamment les mécaniciens, n’ayant pu parvenir à temps dans l’enceinte de l’aéroport en raison des problèmes de circulation. Contactée, la compagnie Air Austral informe d’un report de vol à 12h30. L’aéronef a finalement décollé à 12h50.
Autre information de dernière minute : l’aéroport de La Réunion organise une réunion cet après-midi avec les compagnies aériennes. En raison du blocage du dépôt de carburant fragilisant l’approvisionnement des avions en kérosène, la réserve de stockage se comptant en terme de jours.
Depuis samedi matin très tôt, un barrage filtrant est installé sur le rond-point qui mène à l’aéroport de Gillot. Bon nombre de passagers ont pris leur précautions en arrivant plusieurs heures à l’avance afin de ne pas rater leur avion. Pour l’heure, seul un vol Corsair a été reporté de samedi soir à dimanche matin, en raison de l’absence du personnel de la compagnie, coincé dans les blocages.
Sur les barrages filtrants, la bonne ambiance règne, les automobilistes pris dans les bouchons, sont nombreux à afficher leur solidarité en arborant leur gilet jaune sur le tableau de bord. Il faut dire que les revendications sont partagées par une bonne partie de la population. Au-delà du prix des carburants, c’est une colère contre la vie chère qui anime les gilets jaunes. Le cocktail taux de chômage élevé (il avoisine les 29%) et faible pouvoir d’achat est explosif.
Ce lundi matin, au Port, le dépôt de carburant de la SRPP (société réunionnaise de produits pétroliers) est bloqué par des gilets jaunes scandant le slogan « Kréol en colèr ! ». Les grandes surfaces ont préféré ne pas ouvrir leurs portes face aux menaces des manifestants de bloquer les commerces.
Manifestants le jour, casseurs la nuit
Mais lorsque la nuit tombe, les gilets jaunes sont remplacés par des jeunes, souvent ivres, que la tension monte d’un cran. Jets de pierres, feux de poubelles et affrontements avec les forces de l’ordre, certains quartiers n’ont pas dormi depuis samedi.
Au petit matin, les stigmates des nuits agitées jonchent les routes, mais les gilets jaunes tiennent bon et reprennent du service tandis que les services techniques nettoyaient les routes.
Dimanche, c’était ville morte à Saint-Denis. Le chef-lieu avait des allures de ville fantôme, alors qu’en temps normal les aires de pique-nique sont prises d’assaut. Les barrages filtrant se poursuivaient laissant toutefois passer les véhicules d’urgence et les familles en priorité…
Dans l’après-midi déjà, on évoquait un « lundi noir » pour le lendemain. Les réseaux de transports en commun annonçaient qu’ils ne circuleraient pas et certaines communes prévenaient de la fermeture des écoles. Mais la nuit aura été encore plus agitée que la veille. Si samedi les débordements s’étaient limités à certains quartiers réputés chauds de Saint-Denis, dimanche, c’est aux quatre coins de La Réunion que des dégradations ont eu lieu : Le Port, Saint-Benoît, Sainte-Marie, Saint-Louis, le Ravine des Cabris… Ce matin, les dégâts étaient importants : 70 véhicules ont été incendiés chez un concessionnaire du Port ainsi qu’un fast-food saccagé, des magasins pillés… de nombreux affrontements ont eu lieu entre jeunes et forces de l’ordre. Selon le Journal de l’île de La Réunion « 51 personnes ont été interpellées depuis le début du mouvement et on déplore 6 blessés légers parmi les forces de l’ordre. »
Le Préfet demande des renforts à la métropole et à Mayotte
Le Préfet de La Réunion, Amaury de Saint-Quentin, a tenu un point presse en fin de matinée. Il a notamment fait appel à des renforts de police et gendarmerie de métropole mais aussi de Mayotte. Il a tenu un discours ferme : plus aucun barrage ne sera toléré.
Les manifestants qui bloquaient la route du littoral ont été délogés par les policiers dans la matinée, et se sont dirigés dans les rues de Saint-Denis pour faire fermer les quelques enseignes encore ouvertes.
Le silence des élus exaspère, les gilets jaunes demandent l’ouverture d’un dialogue avec les élus locaux et les représentants de l’Etat ce qui, à l’heure où ces lignes sont écrites n’était pas à l’ordre du jour. Craignant de nouveaux débordements, de nombreuses communes ont décidé de fermer les écoles en cours de journée.
MC
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