C’est un véritable cours de la méthode de réponse aux marchés publics, qu’a donné vendredi le vice-rectorat aux très petites entreprises, avec un objectif : les faire entrer peu à peu dans la cour des grands. Une première.
En jeu, les futurs besoins en maintenance et travaux d’entretien des établissements scolaires, chiffrés de deux à quatre millions d’euros par an, et qui ne doivent plus échapper aux petits entrepreneurs, pour le vice-rectorat. « Depuis septembre, nous avons réorganisé les services et une cellule entretien centralise les opérations au sein de la Division construction scolaire du vice-rectorat », explique Franck Gustin qui en fait partie, avec son collègue Ibrahim Ben Abdallah.
Il est venu à Mayotte spécialement pour mettre en place cette opération. C’est la première fois que le vice-rectorat lance un tel programme réservé aux Petites et Moyennes Entreprises à Mayotte.
Il ne suffit pas de lancer un marché à bons de commande*, il faut toucher sa cible. Les petits entrepreneurs ont été contactés par mail et sms, pour suivre une session d’une heure d’explications archi détaillées à la Chambre de Commerce ces jeudi et vendredi. Ainsi, 300 à 400 d’entre eux, ont appris qu’il y aura trois lots géographiques en fonction du nombre d’établissements scolaires, le Nord, avec 14 établissements, le Sud, 10, le Centre-Petite terre, 8.
Le papier réduit à l’état de parchemin
Ils devront se positionner chacun en fonction de leurs spécialités, sur les lots des trois catégories techniques, le Bâtiment (13 lots, dont le gros œuvre, la peinture, l’électricité ou la métallurgie), la Voirie-Réseaux-divers (2 lots, l’aménagement et les espaces verts), et les Prestations (4 lots, dont le nettoyage). Pour chaque lot, le Bordereau de Prix Unitaire devra être rempli sans erreur.
La principale difficulté est liée à l’application à Mayotte dès le 1er janvier 2019, de la dématérialisation des réponses aux appels d’offre, avec l’interdiction de candidature papier. Une mise en place précoce là encore, les autres départements ayant eu le temps de passer par le papier, de monter en compétence, avant de basculer sur des plateformes numériques. « Nous mettons à disposition de nos adhérents des ordinateurs et un accompagnement nécessaire », rassure Alexandre Kesteloot, Directeur du Pôle Entreprise à la CCI Mayotte. Les artisans eux, doivent se tourner vers la Chambre des Métiers et d’Artisanat.
Pas à n’importe quel prix
Pour ces marchés, le prix sera noté sur 70, et la valeur technique, sur 30 points. « Nous ne retiendrons pas forcément le moins disant, pardon le moins cher, mais celui qui aura intégré la qualité, la durabilité, par exemple la durée de garantie sur un ventilateur et l’indice de solidité ». La prise en compte de l’environnement avec l’évacuation des déchets sera regardée, « et vous devez avoir la qualification requise, CAP, BEP, etc. »
Les prix au ras des pâquerettes seront considérés comme suspects, « si elle ne peut justifier d’un prix anormalement bas, l’entreprise sera éliminée », complète Ibrahim Ben Abdallah. Si l’attestation d’assurance et la garantie décennale sont exigées, cette dernière, « très chère », pourra n’être souscrite qu’au moment où l’entreprise sera retenue, « nous vous laisserons du temps pour ça ».
Alexandre Kesteloot parle au nom des entreprises suivies par la Cellule urgence à la suite de la mobilisation sociale de mars : « Pour candidater, elles doivent avoir obtenu un accord de moratoire social de la Caisse de sécurité sociale, avoir solutionné leurs problèmes de trésorerie. Quant à la dématérialisation, elles peuvent bénéficier de la signature électronique à la CCI. »
Le marché sera lancé entre mi et fin janvier 2019, et les entrepreneurs auront 2 mois pour y répondre. « N’attendez pas pour vous familiariser avec la plateforme marchés-publics.gouv.fr », recommande Anne-Lise Andrignette.
Anne Perzo-Lafond
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